Quelle que soit la société, la religion est aujourd'hui une entité omniprésente. Bien qu'elle prenne des formes parfois diverses – monothéismes, polythéismes – elle remplit toujours une fonction particulière en lien avec la société en question. Ce rôle est assez ambigu et se définit essentiellement selon l'interprétation que chacun en fait. Le rapport de l'homme à la religion se construit en fonction de son entourage, de son éducation, de son vécu.
Ainsi, pour Marx, elle est "l'opium du peuple" qui permet au pouvoir en place de faire oublier au peuple l'exploitation qu'il subit. Mais pour Durkheim, elle est une justification de l'ordre social. Face à tant de points de vue finalement assez éloignés les uns des autres, il est légitime de se demander si la religion a une autre fonction que d'abriter notre ignorance et de nous aider à la rendre vivable. L'homme aurait donc éprouvé à un moment le besoin de justifier et de combler un vide.
L'ambiguïté de la religion réside donc dans le fait qu'elle n'a pas de vocation unique. Son interprétation, même si parfois guidée, est laissée à chaque homme. Comment peut-on envisager la crédibilité d'une entité qui n'a pas de but avoué ? La religion ne serait-elle pas pour l'homme un refuge réconfortant face à ce qu'il ne peut s'expliquer ?
[...] Mais on peut se demander si aujourd'hui, la religion existe pour expliquer l'inconnu. Au fil des années, l'homme a compris qu'il n'y avait rien de providentiel dans certains phénomènes et aujourd'hui, nous avons plutôt tendance à chercher une cause scientifique à un mystère plutôt qu'une raison divine. C'est ainsi que la croyance en la mythologie gréco-romaine s'est perdue. Les gens ont compris que cela n'était pas vrai et ils ont dépassé cela. De nos jours, la religion a un nouvel intérêt qui n'était pas nécessairement primordial au départ. [...]
[...] Ainsi, les défenseurs de l'Eglise cultiveraient l'ignorance des fidèles dans le but non avoué de conserver intactes certaines conceptions religieuses telles que la famille, aujourd'hui tombées en désuétude, étant donnée l'évolution des structures familiales monoparentalité, homoparentalité, divorce . De plus, il existe des valeurs qui se perdent tout en ternissant l'image de la religion puisque certaines personnes censées promouvoir et défendre ces valeurs se complaisent dans le matérialisme et une certaine corruption. [...]
[...] De plus, on peut se demander si ce n'est pas la religion elle-même qui est ignorante et non ses fidèles. En effet, son but n'étant pas clairement défini, chacun a ses attentes vis-à-vis de la religion et chacun essaie d'y trouver ce qu'il cherche. On pourrait même dire qu'il n'y a pas d'ignorance mais juste un échange, en l'occurrence spirituel, dans lequel nul n'est obligé de s'engager et qui peut permettre à certains de trouver un équilibre. Le lien qui unit le progrès et la religion n'est pas évident mais si l'on part du postulat que la religion n'est rien d'autre que l'asile de l'ignorance, alors cette association prend tout son sens. [...]
[...] Nous nous demandions si la religion, du fait de son rôle vaguement défini, n'était que l'asile de l'ignorance. Nous avons vu que, par ses implications dans la société et avec la science, la réponse était tout aussi ambivalente que le rôle qu'on lui accorde. En effet, il est difficile d'établir ou non une réponse tranchée. Cependant, aujourd'hui, nous aurions tendance à dire que la religion, qui ne l'était pas entièrement auparavant, peut devenir le refuge de quelques personnes qui refusent totalement de vivre en phase avec les réalités de notre monde : preuve de l'ignorance et du manque de contact avec des gens différents de ces personnes-ci. [...]
[...] La religion n'est peut-être pas l'asile de l'ignorance, mais un refuge dans une société de plus en plus individualiste. De nos jours, peu de choses réussissent encore à fédérer une très grande partie d'une population autour de valeurs communes. Le sport remplit quelques fois ce rôle mais son entrée progressive dans l'économie, au-delà du cadre du simple jeu, et ses très nombreuses déclinaisons lui causent aujourd'hui préjudice. Les religions, elles, remplissent encore cette fonction qu'elles ont depuis toujours. En effet, toutes les religions prônent la générosité, le partage, la fraternité. [...]
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