La religion constitue-t-elle un obstacle au progrès moral de l'homme ?

Thèmes abordés

Religion, progrès moral de l'homme, anthropologie, lien social, identité collective, sacré, vécu subjectif, Blaise Pascal, Henri Bergson, raison, irrationnalité, Sigmund Freud, foi, Emmanuel Kant, liberté de conscience

Résumé du document

Face aux nombreuses formes de religions existantes ou ayant existé dans le monde, l'anthropologie constate l'existence du fait religieux dans toutes les cultures. II est un des ciments les plus puissants du lien social, car il opère la transmission orale ou écrite des mythes fondateurs de l'identité collective. Quel est le sens pour l'homme d'un tel fait universellement partagé ?

Extraits

[...] L'homme n'est pas un être religieux, mais sa raison trouve dans la religion un moyen de répondre de manière inconditionnée à ces quatre questions. La critique de la religion, selon Kant, ne comprend pas la nature de la raison alors qu'elle s'en réclame. Cette faculté est en conflit avec elle-même. Un objet  inconditionné  la satisferait puisqu'il comblerait sa tension naturelle vers la vérité ; or elle pour répondre à ses questions, que des objets conditionnés : l'expérience dans les sciences, les inclinations égoïstes pour la moralité. [...]

[...] La religion est aussi un vécu subjectif Aucune religion ne peut exister effectivement sans la foi, sinon elle n'est qu'une pratique traditionnelle de rituels sociaux. Pascal montre, dans les Pensées, qu'on ne démontre pas de manière logique l'existence de Dieu ; qu'accomplir des rituels est un devoir, mais seulement pour matérialiser la foi par ses gestes ; que  l'inspiration  montre que  le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas  : la foi est la certitude absolue et intuitive d'un  Dieu caché  présent subjectivement. [...]

[...]  La religion est l'opium du peuple  , dit-il dans la Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel. La religion est, dans L'Avenir d'une illusion de Freud, une fuite permettant de tenter de trouver une solution par des rituels obsessionnels au sentiment de culpabilité provoqué par le refoulement des désirs infantiles irréalisables et interdits par l'autorité du  Père  , c'est-à-dire la Loi qui les réprime. La transposition son substitut absolu, Dieu, permet de donner un sens et d'obtenir une réparation inconsciente à ses  fautes  . [...]

[...] La religion constitue-t-elle un obstacle au progrès moral de l'homme ? Face aux nombreuses formes de religions existantes ou ayant existé dans le monde, l'anthropologie constate l'existence du fait religieux dans toutes les cultures. II est un des ciments les plus puissants du lien social, car il opère la transmission orale ou écrite des mythes fondateurs de l'identité collective. Quel est le sens pour l'homme d'un tel fait universellement partagé ? L`essence de la religion est de relier au sacré et de le recueillir La religion est la médiation qui permet de dépasser la séparation de l'homme avec l'absolu L'étymologie du mot  religion  est double : soit c'est le verbe latin  religare  , relier ;  religion  désigne alors, d'une part, l'union des hommes avec des puissances surnaturelles, divines, ou des principes éternels ; d'autre part, l'association non sectaire des hommes entre eux ; soit c'est le verbe  religere  , rassembler, recueillir avec respect, application, attention ; la religion est alors une conscience attentive à capter, hériter, récolter une réalité transcendante dont la valeur exige qu'on la respecte. [...]

[...] Mais ce n'est pas pour autant que toutes les religions sont intolérantes, irrationnelles ou hostiles au savoir. La recherche d'une puissance à l'origine de toutes choses apparaît comme l'expression d'une aspiration de la raison à comprendre le pourquoi de l'existence. Dans la monadologie, Leibniz demande :  Pourquoi existe-t-il quelque chose plutôt que rien ?  il répond par la nécessité de penser une  raison suffisante  un créateur, à l'existence de l'ordre du monde. Les critiques des religions, selon Bergson, dans les deux sources de la morale et de la religion, confondent la  religion statique   clore  sur ses dogmes, sa fonction sociale, ses cultes, son espoir de vie éternelle, avec la  religion dynamique  , source véritable ouverte par l'esprit sur l'intuition de l'absolu,  la surabondance de la vie  . [...]