L'actualité est féconde en événements qui semblent indiquer que la religion intervient périodiquement, de façon plus ou moins grave, dans les affaires publiques : c'est un État qui, en raison de son fondement religieux, impose aux femmes le port de tel costume ; c'est une Église qui fait connaître son opposition de principe à une loi nouvelle ; c'est un groupe de pression qui aimerait que, dans un projet de constitution pour l'Europe, on rappelle le rôle fondamental, sinon fondateur, qu'y a tenu le christianisme, etc. De tels phénomènes paraissent de nature à nier sans attendre que la religion puisse n'être qu'une affaire privée (...)
[...] Encore cette situation ne vaut-elle que dans les États où la religion est absente de la constitution puisque, dans le cas contraire, un État religieux prétend orienter les recherches. Dans la mesure où une religion possède un pouvoir social notable en fonction du nombre de croyants qu'elle rassemble, elle peut toujours être tentée d'agir sur les décisions politiques, et donc sur l'histoire ou l'évolution d'une nation, même si l'État y est laïc. Pour qualifier ce que peut être la laïcité, Paul Ricœur y rattache l'acceptabilité des arguments de l'autre et considère que le maximum de ce que j'ai à demander à autrui, ce n'est pas d'adhérer à ce que je crois vrai, mais de donner ses meilleurs arguments Conclusion Il est clair que, si la religion n'était qu'affaire privée, de nombreux problèmes n'apparaîtraient même pas dans les sociétés contemporaines. [...]
[...] Philosophie La religion peut-elle n'être qu'une affaire privée? UNE ETUDE PRELIMINAIRE Analyse du sujet La formulation du sujet semble impliquer une réponse négative, mais il faut évidemment l'argumenter. Affaire privée s'oppose aux affaires publiques : on pense immédiatement à l'État et à la politique, mais il y a aussi tout ce qui est d'ordre institutionnel, et la morale, en tant qu'elle concerne le public Si la religion n'était qu'une affaire privée, à quoi se réduirait-elle ? et quels seraient les problèmes collectifs qui seraient alors évités ? [...]
[...] Cela suppose que l'interdiction concerne toutes les religions, c'est-à-dire que l'État ne reconnaisse aucun culte particulier, ou si l'on préfère, qu'il fasse preuve de ce que Paul Ricœur appelle un agnosticisme institutionnel LA SEPARATION NE RESOUT PAS TOUT Cette séparation des Églises et de l'État semble ainsi renvoyer la religion à la seule sphère privée. Mais un tel renvoi demeure purement théorique, ne serait-ce que dans la mesure où continuent à se poser les problèmes éventuels de financement concernant des lieux pour les cultes, et de cohabitation entre la société telle qu'elle peut devenir et les morales religieuses. [...]
[...] C'est pourquoi elles peuvent s'opposer à certains modes de vie, ou à des décisions politiques (des lois) impliquant la reconnaissance de droits nouveaux pour tout ou partie d'une population. Les débats suscités par l'autorisation de l'interruption volontaire de grossesse sont ici exemplaires, en ce qu'ils montrent que les croyants et leurs représentants partagent une conception de la vie qui ne supporte aucune discussion ou assouplissement DES MORALES INTERVENTIONNISTES En intervenant dans la définition des bonnes mœurs les morales religieuses prétendent régenter aussi bien la vie quotidienne et un certain nombre de notions élémentaires (la pudeur, la dignité, parfois même la démarche) que ce qui y prépare, c'est-à-dire les conditions de l'enseignement tel qu'il peut être donné à tous, c'est-à-dire public Dans ce domaine, les exemples sont en surabondance, du voile plus ou moins enveloppant dont doivent se couvrir les femmes selon les diverses interprétations du Coran à l'obligation qui est faite dans les écoles d'un certain nombre d'États américains d'enseigner en concurrence le darwinisme et le créationnisme. [...]
[...] De tels phénomènes paraissent de nature à nier sans attendre que la religion puisse n'être qu'une affaire privée (à moins de considérer qu'ils témoignent de déviations importantes des croyances et d'en appeler à une 2 pureté de la foi intérieure, historiquement introuvable). Mais ce constat ne suffit pas : il importe de comprendre pourquoi la religion déborde nécessairement la sphère privée Toute religion rassemble des hommes LE SACRE ET LE PROFANE On peut être tenté de définir la religion par l'opposition des notions de sacré et de profane, qui aboutissent à séparer deux univers, et à instaurer entre eux une étanchéité plus ou moins prononcée. [...]
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