« L'homme a été mis par Dieu au milieu de la nature pour l'achever et la lui offrir. » Paul Claudel.
Par cette citation, cette grande figure de la littérature française démontre toute l'ambivalence de la relation qui est forgée entre ces deux notions. Ainsi, au sein d'une conception philosophique occidentale structurée autour de l'opposition entre homme et nature, l'homme est à la fois perçu comme partie intégrante de la nature à la manière d'un maillon pour une chaîne mais se veut également extérieur voire supérieur à celle-ci.
En outre, bien qu'une partie des philosophes contemporains continuent de proclamer l'extériorité de l'homme par rapport à la nature, il est à noter que plus un seul endroit n'a été façonné par celui-ci. Dans l'inconscient collectif, ce qui est résultat d'une intervention humaine ne semble plus être considéré comme faisant partie de la nature l'homme « fils de la nature » serait en effet devenu le créateur de ce qui n'est pas nature. De ce fait, la connotation guerrière de la relation entre ces notions induite dans la citation de J. Michelet semble se retrouver au sein même d'une définition de la nature qui se délimiterait par antagonisme à l'homme ; la nature serait tout ce qui n'est pas humain.
Qui plus est, il paraît tout à fait légitime de s'interroger sur l'actualité que revêt cette citation au sein de nos sociétés occidentales industrielles dès lors que l'homme, par le biais de ses actions, a sans nul doute renforcé le conflit qui l'oppose à son environnement au cours de ces deux derniers siècles. Le déferlement de diverses marées noires ou les accidents de Seveso et Tchernobyl, par exemple, ont clairement démontré l'existence d'un réel rapport d'agression.
De fait, la guerre entre homme et nature n'est-elle pas plutôt une relation dominant/dominé selon le vocable marxiste ? Par ailleurs, la domination de l'homme sur la nature n'est-elle pas plutôt une domination de l'homme sur l'homme ?
Ainsi, bien qu'une lutte de pouvoir soit établie de manière évidente entre l'homme et la nature, il paraît tout à fait évident qu'une coexistence pacifique soit nécessaire pour leur pérennité (...)
[...] Il convient en premier lieu de souligner le manque de mise en application de celles-ci. La non- ratification du protocole de Kyoto ou le récent sommet de Copenhague, perçu par bon nombre d'analystes comme un échec, en sont clairement des exemples. Dans ses thèses sur Feuerbach Marx pointait déjà du doigt cette ambiguïté en affirmant que les philosophes n'ont fait qu'interpréter diversement le monde [alors que] ce qui importe c'est de le transformer Ce sont ainsi l'inaptitude et la stérilité de la philosophie qui sont reprochées ici. [...]
[...] De fait, la guerre entre homme et nature n'est-elle pas plutôt une relation dominant/dominé selon le vocable marxiste ? Par ailleurs, la domination de l'homme sur la nature n'est-elle pas plutôt une domination de l'homme sur l'homme ? Ainsi, bien qu'une lutte de pouvoir soit établie de manière évidente entre l'homme et la nature, il paraît tout à fait évident qu'une coexistence pacifique soit nécessaire pour leur pérennité. I. Homme / nature, la guerre est déclarée. L'Homme, vainqueur sans concessions En premier lieu, l'homme apparaît comme étant le dominateur de la nature. [...]
[...] En effet, la nature est, de facto, soumise à une exploitation sans limites par l'homme et se met en quelques sortes elle-même par les fers. René Descartes s'inscrit totalement dans cette manière de pensée. Il l'exprime très clairement dans son Discours de la méthode : Et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature. Il prône une conception de la connaissance destinée à l'action et, de fait, estime légitime une domination de la nature par son objectivisation. En outre, le monde est selon lui régit par des mécanismes plus ou moins complexes dont la connaissance de son fonctionnement permet d'agir sur lui. [...]
[...] Il arrive alors à une redéfinition de la responsabilité puisque celle-ci est tournée vers le futur, vers les générations à venir. Néanmoins, c'est la théorie du contrat naturel de Michel Serres qui semble le plus aller dans le sens d'une coexistence pacifique entre homme et nature. En partant du principe que la trop grande focalisation de l'homme sur le contrat social de Rousseau l'a amené à porter atteinte à la nature, ce philosophe français a pour but de faire reconnaître l'importance et la force de la nature. Cette théorie se veut être une redéfinition de rapports entre homme et nature. [...]
[...] De plus, alors qu'il est de bon ton de reconnaître la puissance de la nature, certains philosophes contemporains semblent revenir à un humanisme bien plus classique. C'est notamment le cas de Luc Ferry qui condamne les thèses de Jonas et Serres. D'une part, parce qu'il estime que celles-ci ne sont en fait qu'une critique du capitalisme et de l'autogestion, d'autre part parce qu'elles ne seraient que l'apologie du terroir et d'une pureté perdue. Il reconnaît donc une supériorité de l'homme fondée sur son intelligence et sa raison et qui l'affranchit de fait d'un déterminisme biologique. [...]
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