Toute relation à autrui constitue-t-elle un échange ?

Thèmes abordés

Relation à autrui, échange, échange équitable, personne autre que moi, personne semblable à moi,unicité, singularité

Résumé du document

La plupart des sociétés sont régies par les règles qui organisent les relations entre les différents éléments qui la constituent. Ainsi, le seul point commun entre le système féodal en vigueur au Moyen-Âge et les sociétés démocratiques actuelles est la volonté des hommes d'organiser ou d'encadrer toute relation entre eux, en régulant tout échange. C'est pourquoi, on peut se demander si toute relation à autrui constitue un échange. Autrement dit, toute relation à autrui n'est-elle qu'un échange ? Pour répondre à cette question, il sera fondamental de s'interroger sur plusieurs notions. Tout d'abord, qui est autrui ? Si autrui est une personne autre que moi, mais avant tout semblable à moi, la relation à autrui est le lien qui nous unit à l'autre dans son unicité et sa singularité. Il semble alors impossible de réduire la relation à un échange, dans la mesure où un simple échange de biens par exemple ne tient pas compte de cette singularité.

Extraits

[...] On peut ensuite se demander ce qui motive un échange. L'échange économique lui, n'est, selon Smith, motivé que par l'intérêt de chacun. Pour conclure un échange et en retirer ce dont il a besoin, un homme doit s'adresser à l'intérêt personnel de l'autre, lui montrer quels avantages il retire de l'échange. On pourrait alors penser qu'il en est souvent de même pour une grande partie des relations sociales. Qui n'a jamais été tenté de se lier d'amitié avec l'autre simplement pour un quelconque intérêt que ce dernier pouvait lui apporter ? [...]

[...] Elles ne constituent donc pas un échange. Cependant, ceci suppose que le don ou encore le bénévolat sont fondés sur la bienveillance, la générosité de la personne qui donne à l'autre. Nous avons donc vu qu'il existe différents types de relations : des relations réciproques, qu'elles soient de nature affective ou économique, fondées sur l'échange, et des relations qui a priori sont unilatérales, et donc, par définition, non fondées sur l'échange, mais plutôt sur la bienveillance d'un des membres de la relation. [...]

[...] L'amour qu'on lui porte et qu'elle peut nous porter en retour apparaît alors comme une contrepartie. Ainsi, la mère semble tout donner à son enfant lorsqu'il est âgé d'à peine quelques jours : de la nourriture, des soins, de l'affection, une protection. Il est entièrement dépendant d'elle, et pourtant si elle était remplacée, le nourrisson sentirait peu la différence. Mais on ne peut pas vraiment parler ici de relation unilatérale dans laquelle il n'y a pas d'échange : la mère aime son enfant, en quelque sorte parce que c'est elle qui lui donne tout, et elle est comblée grâce à lui. [...]

[...] En effet, on aurait tout d'abord tendance à dire qu'il existe des relations unilatérales dans lesquelles n'a lieu aucun échange. Mais il apparaît rapidement en analysant ces relations, qu'il s'agisse en fait d'un échange déséquilibré, dominé par l'un ou l'autre des membres de la relation. On pourrait alors se demander si toute relation, même réciproque, n'est pas d'une certaine façon dominée par l'un des membres : comment une relation pourrait-elle être parfaitement équilibrée, dans la mesure où autrui, même s'il est mon semblable, reste très différent de moi, et a donc une vision différente de notre relation ? [...]

[...] On peut identifier dans ces relations des échanges : l'échange éducation amour d'un parent à son enfant, ou encore l'échange de connaissances qui pourrait aller dans les deux sans entre un professeur et son élève. Mais il apparaît clairement que dans ces relations, un des membres est dominé par l'autre. C'est peut-être pour cette raison qu'elles nous paraissent unilatérales au premier abord. S'il y a bien un échange qui s'effectue, il n'est pas équitable, mais dominé. Nous avons donc vu que si toute relation à autrui peut être considérée comme constituant un échange, certains échanges ne sont pas équitables. [...]