Faut-il réhabiliter l'autorité ? Dissertation de 3 pages niveau sciences po
Pour Hannah Arendt, «S'il faut vraiment définir l'autorité, alors ce doit être en l'opposant à la fois à la contrainte par force et à la persuasion par arguments.» En effet selon elle, l'autorité est hiérarchique contrairement à la persuasion qui présuppose l'égalité et non-violente car l'usage de la force est un signe de l'échec de l'autorité. Cette force mystérieuse qu'est l'autorité ne repose donc ni sur la raison ni sur la coercition. L'autorité repose alors sur un commun accord entre celui qui commande et celui qui obéit, un contrat social. Ce pacte d'obéissance ne relève pas seulement du domaine politique mais aussi de la sphère spirituelle ou privée.
Après avoir démontré que la crise de l'autorité est un fait sociopolitique réel, voyons dans quelle mesure il est souhaitable et possible de réhabiliter cette autorité.
[...] L'autorité repose alors sur un commun accord entre celui qui commande et celui qui obéit, un contrat social. Ce pacte d'obéissance ne relève pas seulement du domaine politique mais aussi de la sphère spirituelle ou privée. Seulement, nombre de philosophes, ont souligné le travail de sape contre l'autorité développé dans les sociétés de (libre) pensée depuis le XVIIIe, avec l'objectif de lui substituer un modèle de société égalitaire. Plus particulièrement, Hannah Arendt a insisté sur le fait que la crise de l'autorité profite aux régimes totalitaires. Dès lors, faut-il, pour prévenir de telles dérives, réhabiliter l'autorité? [...]
[...] D'autre part, Le verbe latin augere, d'où viennent les mots auctoritas et autorité, signifie augmenter. La qualité qui, augmentant une personne, constitue son autorité, peut venir de ses ancêtres, de ses vertus publiques ou de ses succès, à la guerre ou aux élections. L'augmentation peut être ajoutée de l'extérieur par un poste dans une hiérarchie, elle peut aussi être organique. Dans ce cas, elle est parfois telle que la personne qui en est l'objet n'a qu'à paraître pour inspirer le respect et l'obéissance. [...]
[...] En outre, Arendt constate que le régime totalitaire ne résulte pas d'un excès d'autorité, mais au contraire, de son absence. Ainsi, la disparition de l'autorité, loin de libérer les hommes, aboutit à la disparition des libertés et à l'enfer sur terre. Seulement, comme il l'a été démontré, l'autorité ne se commande pas et vouloir réhabiliter l'autorité peut s'avérer illusoire. Réhabiliter l'autorité est donc un projet apparemment nécessaire mais néanmoins extrêmement complexe (comprendre complexe non pas dans son acception commune mais à partir de son étymologie : «complexus en latin signifiant tisser ensemble). [...]
[...] La restauration de l'autorité de l'État apparaît donc comme un des grands enjeux des prochaines années. S'il est vrai que la contestation de ses interventions excessives et de son impuissance a de réels fondements, le cœur du problème se situe au niveau de son autorité : c'est elle d'abord qu'il faut restaurer, dans sa juste mesure. Cependant, l'autorité ne s'obtient pas ni par arguments ni par la force (l'utilisation de la force dénoterait précisément un manque d'autorité). L'autorité s'impose d'elle-même et vouloir rétablir l'autorité peut donc s'avérer être une chimère. [...]
[...] Un certain nombre de faits politiques et de société (présence au second tour de l'élection présidentielle de mai 2002 du candidat du Front National, crimes, délits, faits divers, violences urbaines ou en milieu scolaires) semblent donner du crédit au discours consistant à prôner la restauration de l'autorité, comme s'il s'agissait en quelque sorte de «soigner le mal par le mal» Je vois cinq raisons à cette crise de l'autorité qui touche des domaines aussi divers que la famille, l'école, la justice, les Églises. Il y a d'abord les dérives tragiques des pouvoirs autoritaires qui ont laissé dans l'histoire des blessures inguérissables. Elles alimentent un regard critique, permanent et nécessaire à l'égard de l'autorité. Une deuxième raison réside dans un rapport au temps devenu problématique. Notre société semble, en effet, ne plus disposer d'une mémoire vivante. [...]
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