Faut-il réhabiliter l'autorité ? Dissertation de culture générale de 4 pages
Pour Hannah Arendt, «S'il faut vraiment définir l'autorité, alors ce doit être en l'opposant à la fois à la contrainte par force et à la persuasion par arguments.» En effet selon elle, l'autorité est hiérarchique contrairement à la persuasion qui présuppose l'égalité et non-violente car l'usage de la force est un signe de l'échec de l'autorité. Cette force mystérieuse qu'est l'autorité ne repose donc ni sur la raison ni sur la coercition. L'autorité repose alors sur un commun accord entre celui qui commande et celui qui obéit, un contrat social. Ce pacte d'obéissance ne relève pas seulement du domaine politique mais aussi de la sphère spirituelle ou privée.
[...] L'autorité repose alors sur un commun accord entre celui qui commande et celui qui obéit, un contrat social. Ce pacte d'obéissance ne relève pas seulement du domaine politique mais aussi de la sphère spirituelle ou privée. Seulement, nombre de philosophes, ont souligné le travail de sape contre l'autorité développé dans les sociétés de (libre) pensée depuis le XVIIIe, avec l'objectif de lui substituer un modèle de société égalitaire. Plus particulièrement, Hannah Arendt a insisté sur le fait que la crise de l'autorité profite aux régimes totalitaires. Dès lors, faut-il, pour prévenir de telles dérives, réhabiliter l'autorité? [...]
[...] Troisième motif, l'individualisme contemporain. La sincérité et l'émotion subjectives sont devenues normes et critères de ce qui est vrai, mettant à mal toute autorité qui prétendrait être porteuse d'une vérité ou au moins indicatrice de valeurs communes, reconnues par tous. Cette sincérité triomphante ouvre sur une quatrième raison, à savoir l'effacement et même la «délégitimation» des instances et fonctions d'autorité. Les institutions qui établissent le lien, permettant ainsi de vivre avec les autres dans le temps et dans l'espace, sont aujourd'hui soupçonnées, fragilisées, voire disqualifiées. [...]
[...] La contestation de sa légitimité même : d'un côté par un libéralisme idéologique qui voudrait le réduire à un rôle supplétif, de l'autre par le repli communautaire de sous-groupes constitués sur des bases ethniques, catégorielles ou idéologiques, et revendiquant un pouvoir propre. Si le thème de l'État de droit revêt encore un sens politique en tant que valeur fondatrice de la démocratie, n'en est-ce pas la conséquence ? A contrario, de quels handicaps insurmontables ne souffrent pas les pays à qui fait défaut un État capable de s'imposer à la diversité des groupes ethniques, des intérêts privés ou des potentats locaux ? L'unité nationale n'est jamais définitivement acquise. [...]
[...] Un certain nombre de faits politiques et de société (présence au second tour de l'élection présidentielle de mai 2002 du candidat du Front National, crimes, délits, faits divers, violences urbaines ou en milieu scolaires) semblent donner du crédit au discours consistant à prôner la restauration de l'autorité, comme s'il s'agissait en quelque sorte de «soigner le mal par le mal» Je vois cinq raisons à cette crise de l'autorité qui touche des domaines aussi divers que la famille, l'école, la justice, les Églises. Il y a d'abord les dérives tragiques des pouvoirs autoritaires qui ont laissé dans l'histoire des blessures inguérissables. Elles alimentent un regard critique, permanent et nécessaire à l'égard de l'autorité. Une deuxième raison réside dans un rapport au temps devenu problématique. Notre société semble, en effet, ne plus disposer d'une mémoire vivante. [...]
[...] Berthelot Matthieu Faut-il réhabiliter l'autorité? Constamment tiraillée entre l'approximation conceptuelle et l'instrumentalisation idéologique, la notion d'autorité requiert un usage particulièrement prudent. D'un côté, elle fait l'objet d'une acception lâche par le sens commun, qui l'emploie indifféremment comme synonyme de pouvoir, de force, d'influence ou encore de domination. De l'autre, elle est mobilisée par les analyses contradictoires soutenues dans le cadre du débat sur la crise des valeurs : les diverses solutions, permissives ou réactionnaires prônées pour remédier aux effets délétères sur le lien social de son déclin supposé dans les sociétés démocratiques l'invoquent toutes. [...]
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