Ce document va chercher à faire un constat des plaisirs, à faire une observation quant aux plaisirs. On ne va plus les qualifier ou disqualifier, plus les juger, les évaluer par rapport à un principe supérieur qui permettrait de saisir leur défectuosité, les purifier, les canaliser ou encore de les encourager, mais plutôt traiter les plaisirs comme un fait. Nous éprouvons le plaisir, nous en parlons et donc ne doit-on pas se contenter de les décrire ? Il va falloir rendre compte de ce qui nous plait comme dans un inventaire, un catalogue au risque de tomber dans le relativisme. On va donc ici faire le relevé scrupuleux, méthodique de ses formes, de ses apparitions. C'est à partir de cet angle qu'on peut justifier le titre. Ce sera donc une démarche d'historien, de sociologue qui montrent comment une réalité s'est manifestée.
Un régime du plaisir est une organisation, une structure chargée de dire les manières dont les plaisirs s'exercent, dont ils apparaissent dans la réalité, dont ils se succèdent les uns avec les autres. Ainsi, on peut décrire un régime politique comme un ensemble de dispositifs qui permettent de faire fonctionner une institution. En particulier, parler d'un régime d'une chose permet de caractériser la spécificité de celle-ci. Dans le régime démocratique, il y a une séparation des pouvoirs, une autorité du peuple par le peuple, l'égalité des citoyens. Un régime est un système cohérent qui rend compte d'un projet. De la même manière, en science, on parle de régime pour décrire la manière dont certains phénomènes se produisent de manières régulières (régime des pluies). À partir de la description, on tente de mettre en place certains traits seyants et rationnels qui donnent l'identité d'une réalité. Donc si on applique la question des régimes aux plaisirs, en ayant recours à une description, on pourra trouver la réalité des plaisirs dans leur cohérence, leur logique, leur systématicité.
[...] Le sexe unique n'est donc pas un absolu ou une nature. Eros peut unir des êtres humains de quelque sexe qu'il soit - Les relations entre garçons ne s'identifient pas nécessairement avec la débauche, la déviance, la perversité. On aurait bien tort de croire que les grecs puissent qu'ils n'interdisaient pas ce genre de rapport ne s'inquiétait pas de ses implications Pour les grecs, la question sexuelle n'est pas absolument figée. On peut avoir des relations avec un adolescent tout en étant marié. [...]
[...] C'est une opposition à Dom Juan tout le plaisir est dans le changement Cependant, cette stratégie pour maîtriser les excitations ne peut pas faire l'économie d'une situation pénible, d'une souffrance. Il faut montrer alors cette complexification dont Freud puis Lacan font du plaisir, complexification qui va appeler la jouissance. Le névrosé, c'est peut-être celui qui cherche à apprivoiser ses pulsions, mais qui n'y parvient pas. Il est alors installé dans un état d'insatisfaction, de mal vivre. Or nous sommes tous des névrosés. Nous cherchons tous un plus que le plaisir, une modalité du plaisir qui dépasse le simple plaisir, la jouissance pour Lacan. Pourquoi ce terme de jouissance ? [...]
[...] Derrière les dimensions historiques, il n'y a pas d'essence du plaisir. Nos plaisirs sont institués par des circonstances, elles font naître le plaisir. Il n'y a donc de plaisir que dans l'usage, et l'usage est déterminé par des circonstances historiques. Selon quelles étapes historiques se développe cette homogénéisation des pratiques du plaisir ? Dans le cadre de la pastorale chrétienne, lors du concile de trente, en réponse à la réforme, on va généraliser la pratique pour tous les fidèles de la confession et de la pénitence. [...]
[...] Dans l'impression de sensation, nous ne ressentons à l'origine rien de distinct, rien en particulier, ce n'est qu'au moment où l'imagination va travailler le senti le vécu que nous allons donner une forme, que nous allons objectiver l'impression, la sensation. Nous modifions presque immédiatement, nous métamorphosons la présence factuelle et indistincte en un objet (sentiment, passion, idée). Nous élaborons donc l'impression de sensation, nous réfléchissons le plaisir. C'est la réification du plaisir. Nous dépassons toujours les impressions de sensation, nous allons toujours au-delà de l'éprouvé ou de la donnée sensible. Nous rendons compte du comment nous sentons les phénomènes. C'est ce que Hume appelles la tendance de l'entendement, le mécanisme de la nature humaine. [...]
[...] Le rapport que nous construisons n'est qu'un rapport de probabilité et non pas un rapport universel et nécessaire. On peut faire une distinction entre ce qui est général et ce qui est universel. C'est la caractéristique de l'empirisme de Hume. Nous ne faisons que construire des théories. Dépasser les données empiriques est ce que nous faisons tout le temps. Mais il ne faut pas oublier que ces vérités, ces concepts ne sont que ce qu'elles sont (dés généralités, des tendances et non pas des systèmes absolus, nécessaires). [...]
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