La réflexion sur la réalité environnante à travers l'évocation d'un monde éloigné dans le temps et l'espace

Thèmes abordés

réflexion, réalité environnante, évocation d'un monde éloigné dans le temps et l'espace, Lévi-Strauss, Tristes Tropiques, voyage, Nouveau Monde

Résumé du document

Depuis longtemps, les hommes ont voulu voyager et explorer la terre, pour trouver des routes plus rapides vers l'Inde ou explorer de nouvelles terres. Or, la découverte de nouvelles terres va de pair avec celle de leurs habitants, souvent aux mœurs très différentes, voire plus libres, ce qui a amené les explorateurs occidentaux à se poser des questions sur leurs propres valeurs. C'est ainsi que, dans les textes qu'ils ont écrits, une problématique essentielle surgit, à savoir comment l'altérité ou un monde éloigné dans le temps et l'espace donnent lieu à une réflexion sur nous-mêmes.

Extraits

[...] Mais la comparaison à une société utopique n'est pas le seul moyen que les auteurs utilisent pour insister sur la différence par rapport au monde occidental. Certains optent également pour la contre-utopie. Dans son ouvrage Le Meilleur des Mondes, Adoux Huxley décrit une société éloignée dans le temps et l'espace qui réussit à instaurer un système social basé sur l'apparence et d'autres faits arbitraires déterminés à la naissance et à la conception. Les habitants sont contrôlés pour qu'ils ne puissent pas aimer ceux qui sont différents d'eux : une expérience qui, à notre humble connaissance, n'a vu le jour dans aucune société, aussi ethnocentrique qu'elle puisse être. [...]

[...] Cela incite le lecteur à se questionner sur la façon dont il forge son opinion envers ceux qui sont différents de lui. Il en est de même dans les écrits de Christophe Colomb, ou les indigènes sont perçus comme des enfants l'auteur y adopte une figure paternaliste qui démontre son statut social supérieur au leur puisant ses origines justement dans la différence. Tel est le cas également dans le texte extrait de La controverse de Valladolid de Jean-Claude Carrière dans lequel Sepelveda, pourtant fin lettré compare les indigènes à des idiots parce qu'ils ignorent aussi la nature de l'argent Or, au nom de quoi se permet-il cette attitude, si ce n'est de sa perception matérialiste et ethnocentrique de l'existence, immédiatement contredite, d'ailleurs, par les propos de Las Casas ? [...]

[...] Comment, dans ces conditions, accepter la supériorité de l'environnement européen et du savoir occidental ? Mais la différence de l'environnement peut aussi engendrer des expériences personnelles inédites. Ainsi, dans L'usage du monde ou une simple quête d'aventure et de paysages différents se transforme en découverte de soi : Thierry Vernet découvre que son amour pour Flo lui est plus nécessaire que l'aventure entreprise et Nicolas Bouvier arrive accéder à une intensité qui l'élève grâce à l'éloignement spatial. Deuxièmement, nous voyons que beaucoup de récits incitent à la réflexion par la rencontre et l'interaction avec l'autre. [...]

[...] Autant de descriptions qui rompent complètement avec la réalité tout en mettant en valeur une différence intrigante par rapport à tout ce que le lecteur aurait pu connaître de façon empirique. Dans le Supplément au Voyage de Bougainville de Diderot met un aumônier dans une situation quelque peu embarrassante pour son état à savoir l'invitation pressante de son hôte otaïtien de passer la nuit avec la femme ou l'une des filles de ce dernier : un décalage culturel qui ne peut que faire sourire le lecteur. [...]

[...] En lisant cela, le lecteur européen ne peut que déplorer l'égocentrisme, et la cupidité qui marquent les rapports sociaux dans le monde occidental. Dans la Lettre 30 des Lettres persanes de Montesquieu, la curiosité exagérée des Parisiens peut paraître, certes, amusante, mais également quelque peu dérangeante, surtout pour le lecteur occidental qui aurait tendance à se situer plus du côté des Parisiens que du Persan. C'est par le rapport direct avec les Parisiens que le narrateur persan a pu se rendre compte de leur superficialité frisant l'impolitesse ; c'est par les réflexions du personnage que le lecteur peut comprendre ses propres défauts. [...]