Nous pouvons dire, avec l'anecdote de Thalès rapportée par Platon puis par Laèrce, que le philosophe pourrait presque oublier le réel tellement il est absorbé par ses méditations philosophiques : « Il observait les astres et, comme il avait les yeux au ciel, il tomba dans un puits. Une servante de Thrace, fine et spirituelle, le railla, dit-on, en disant qu'il s'évertuait à savoir ce qui se passait dans le ciel, et qu'il ne prenait pas garde à ce qui était devant lui et à ses pieds. »
En effet, cette anecdote nous montre d'une manière caricaturale le détachement du philosophe qui, trop occupé à méditer, ne verrait même plus le monde dans lequel il vit. Mais de quel détachement s'agit-il véritablement ? La philosophie a-t-elle vraiment pour but de nous éloigner du monde, ou bien de nous en rapprocher différemment ?
[...] La réflexion philosophique est donc moins un détachement qu'une suspension. Le détachement est absolu, mais il est provisoire dans le temps et limité dans ses objectifs. La réflexion est philosophique : elle est méditée et préméditée - elle est voulue et elle est conduite par la raison. Il faut d'abord penser à vivre ; comme disait Pascal, il n'y a pas d'essence de l'homme ; il se caractérise uniquement par ce qu'il dit et ce qu'il fait. La philosophie est portée sur le monde et sur ce qui le dépasse ; elle nous détache du monde, certes, mais cela ne signifie nullement désintérêt du monde. [...]
[...] Loin de rester à l'écart du monde, le philosophe trouve donc toutes les raisons de s'y réengager. Ensuite, la philosophie apparaît comme un attachement au monde des hommes : la réflexion philosophique jouerait un rôle éducatif, moral et social au sein de la société. L'Académie, le Lycée, le Portique, et même le Jardin, sont des Écoles où la philosophie étaient oeuvre commune : elle n'est pas l'?uvre d'une personne seule. De plus, la philosophie se transmettait oralement, ce qui prouve que la philosophie n'écarte pas les Hommes ; au contraire, elle les rapproche. [...]
[...] Selon Nietzsche encore, Platon serait à classer parmi les "contempteurs du corps", ceux qui ont introduit le mépris du corps, l'idée qu'il est inférieur à l'âme, qu'il a moins de valeur, que les plaisirs du corps sont méprisables et même une faute. Il est vrai que Platon compare le corps à une prison pour l'âme. C'est le corps et ses désirs qui empêchent l'âme de parvenir à la vérité. A la mort, c'est parce qu'elle est libérée du corps que l'âme accède enfin au vrai. [...]
[...] La réflexion philosophique nous détache-t-elle du monde ? Nous pouvons dire, avec l'anecdote de Thalès rapportée par Platon puis par Laèrce, que le philosophe pourrait presque oublier le réel tellement il est absorbé par ses méditations philosophiques : Il observait les astres et, comme il avait les yeux au ciel, il tomba dans un puits. Une servante de Thrace, fine et spirituelle, le railla, dit-on, en disant qu'il s'évertuait à savoir ce qui se passait dans le ciel, et qu'il ne prenait pas garde à ce qui était devant lui et à ses pieds. [...]
[...] En outre, la réflexion philosophique préconise une attitude consistant à se détacher du monde, entendons à se détacher de ce que la majorité des hommes recherche avidement : la gloire, le pouvoir, l'argent . Ces choses sont par ailleurs ce qui nous corrompt ; comme le dit Pascal, l'Homme n'est que concupiscence ; il dit aussi que la concupiscence et la force sont les sources de toutes nos actions. Ce serait avec elle qu'il faudrait rompre afin de pouvoir accéder à une vie plus saine ; nos actes, nos relations avec autrui ne seraient donc pas uniquement motivés par l'obtention de ce que nous désirons. [...]
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