Réfléchir, tel est l'impératif de l'homo sapiens sapiens s'il veut véritablement vivre en humain; pour devenir un animal raisonnable et quitter son animalité, l'homme use intelligemment de sa réflexion pour élaborer et transmettre sa pensée. Puisque l'homme est par essence une puissance libre de choix, il se trouve souvent voire incessamment confronté à des choix parfois existentiels, en tout cas douloureux. L'homme réfléchi prend le temps de la réflexion et appréhende le problème en l'analysant, en supputant les possibilités, en évaluant les conséquences de sa décision définitive. Pourtant, si la pensée semble inhérente à l'essence même de l'homme, il n'en est pas de même pour la réflexion. L'homme irréfléchi pense en effet mais ne soupèse pas les différents problèmes et n'examine pas non plus les solutions qui se présentent à lui.
Ce petit verbe déroutant envisage d'emblée la réflexion de la réflexion et entrevoit une réflexion infinie car cette notion est en interaction étroite avec la pensée, la connaissance mais encore la sagesse. En effet, la réflexion fait appel à la raison, en tant que faculté de juger, mais également à l'entendement, en tant que faculté de connaître, lorsque l'homme raisonne et justifie son choix. Néanmoins, réfléchir est différent de connaître car si toutes les connaissances supposent comme condition nécessaire une réflexion, la réflexion n'est pas suffisante aux connaissances quand on réfléchit sur le savoir.
Mais alors, Quelles sont la nature et la destination de cette opération de l'esprit? Pourquoi et comment réfléchir? A quoi je réfléchis en particulier et surtout on réfléchit en général? Peut-on apprendre à réfléchir?
[...] Pourquoi et comment réfléchir? A quoi je réfléchis en particulier et surtout on réfléchit en général? Peut-on apprendre à réfléchir? Notre cheminement s'articulera autour de trois axes de réflexion: d'abord, la réflexion comme fondement de la sagesse; puis, une réflexion autonome comme suspension du jugement; enfin, un modèle de réflexion. La réflexion est indispensable à l'acquisition de la sagesse car, inhérente à la condition de l'homme, elle envisage un certain état d'esprit d'humilité et de lucidité mais également la tolérance de celui qui prévoit, qui remet en question, qui aime penser. [...]
[...] Je ne possède pas d'opinions mais je réfléchis sur les opinions. Je construis mon choix grâce à la réflexion qui permet la prise de conscience de soi-même, qui fonde l'arbre de la connaissance et qui nous conduit sur le chemin de la philosophie. Même si la réflexion apporte une certaine forme de connaissance, est-ce qu'autrui ne peut pas m'aider dans mes choix, dans ma réflexion? La dialectique ascendante de Platon impose au philosophe une fonction pédagogique et politique pour aider l'ignorant à réfléchir. [...]
[...] Pourtant, même ces deux écoles qui soutiennent un dogmatisme radical démontrent que l'homme a d'abord réfléchi sur sa condition et essayé de trouver des réponses. D'où viens-je? Je suis peut-être un mode fini de la substance infinie selon le panthéisme spinoziste. Qui suis-je? Je suis une âme ou bien un corps ou bien encore un pur et libre regard Où vais-je? Je me dirige vers la contemplation du monde intelligible et ses Idées ablues ou bien vers le Néant ou bien encore vers le Paradis selon la liturgie chrétienne. [...]
[...] Ainsi, il semble bien que la réflexion, au terme de la suspension du jugement, parvienne finalement à convaincre la raison à se décider à connaître quelque chose. La réflexion est autonome grâce à la suspension du jugement. Quelque chose s'impose à moi qui n'est ni clair ni distinct, ni simple ni évident, et je suspends par conséquent mon jugement jusqu'à se dessinent l'évidence et la sagesse. Je réfléchis, je doute pour construire un choix par la connaissance des choses. Le doute apparaît fondamental et lié, voire superposable, au jugement. Lorsque je réfléchis, je doute forcément. [...]
[...] Est-il possible, voire nécessaire, d'apprendre à réfléchir? Il est possible de donner une méthode d'apprentissage de la réflexion. Etant donné que pas tous ne réfléchissent instantanément c'est le cas de l'ignorant ou du moins pas sur tout c'est le cas du névrosé que chaque homme est en partie il semble nécessaire qu'un médiateur intervienne pour nous pousser à réfléchir. Le professeur le guide dans sa réflexion en lui inculquant une manière de réfléchir mais en aucun cas de penser. L'homme qui désire transmettre l'intelligence de sa pensée réfléchit sur le langage, cherche ses mots pour qu'ils correspondent au mieux à sa pensée réelle. [...]
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