Langage, violence, Merleau de Ponty, Aristote, Freud, Pierre Bourdieu, Antoine de Saint Exupéry
Le langage en tant que faculté psychologique et physiologique correspond ainsi à la mise en oeuvre d'un dispositif à la fois intellectuel et anatomique en vue de la communication et de l'expression à autrui permettant un horizon d'accord possible entre les hommes, éloigné de la violence. La violence quant à elle est un concept éthique qui concerne la manière de se comporter et d'agir avec autrui. Celle-ci se résume en effet à une relation de négation de l'autre, de sa liberté. Le langage est-il alors une alternative à la violence ?
Spontanément, selon l'opinion commune, le langage et la violence s'opposent, car s'adresser à l'autre par la parole c'est respecter en lui sa dignité d'être conscient. Néanmoins, les mots peuvent blesser parfois davantage qu'une conduite. Toutefois, y a-t-il d'un côté les mots, et de l'autre la guerre ? Le langage peut-il être perçu comme un outil pour lutter contre la violence physique ou bien morale ? Est-il exempt de toute méchanceté ? La violence quant à elle s'exprime-t-elle uniquement par le langage ?
[...] Le langage ne peut rivaliser avec la violence car celui-ci possède des limites. Il ne peut empêcher la violence et sa démesure et ses excès. La puissance du langage dépend de la manière dont on s'en sert. Pour Platon, dialoguer suppose le respect de certaines règles : savoir écouter, prendre la parole à tour de rôle, être de bonne foi, ne pas se contredire, oser se remettre en question . ce n'est qu'à cette condition que le langage peut incarner un rôle tout puissant et triompher sur la violence. [...]
[...] le rhéteur Gorgias identifie le pouvoir d'agir sur les hommes à travers la parole et le discours : " un discours, en effet, lorsqu'il a persuadé l'âme qu'il a persuadée, l'a contrainte à se laisser persuader par ce qui a été dit et à se consentir à ce qui a été fait." Ainsi la rhétorique aux yeux de Gorgias est caractérisée comme une technique tellement puissante qu'elle apparait comme hégémonique. Il dénonce la prise de contrôle des opinions et des passions par le rhéteur de son auditoire et sa manipulation. D'autre part, le langage est également une arme qui amène à la haine. Les injures, le blâme ou encore l'humiliation définissent la violence verbale. Le langage est alors un outil qui permet d'évacuer la violence, de la matérialiser et de la transformer en acte non-physique de celle-ci. [...]
[...] Recourir au langage, est-ce renoncer à la violence ? "Ce ne sont que des mots " cette expression courante, souvent donnée en réponse par celui qui ignore le pouvoir des mots, expose alors à quel point le langage est dénoué de méchanceté dans la pensée collective. Pourtant au-delà de cette banalité, les mots ne sont pas exempts de violence à l'égard d'autrui. Des lors, il convient de se demander : recourir au langage est-ce renoncer à la violence ? Le langage en tant que faculté psychologique et physiologique correspond ainsi à la mise en œuvre d'un dispositif à la fois intellectuel et anatomique en vue de la communication et de l'expression à autrui permettant un horizon d'accord possible entre les hommes, éloigné de la violence. [...]
[...] D'autres formes de langages expriment également la violence. Le corps peut ainsi parler pour nous, trahir nos émotions ou nos violences inconsciemment ou bien consciemment. Ainsi le langage corporel/ gestuel peut traduire une violence en intimidant autrui. Il permet alors d'imposer sa supériorité sur l'autre. Ainsi le langage n'est pas exempt de méchanceté et d'agression. Outil de domination et de persuasion, il incarne une violence linguistique plus pernicieuse que la violence physique. Par le blâme ou encore l'injure cette violence matérialisé par l'intermédiaire du langage s'exprime et est amené à intimider ou blesser autrui. [...]
[...] Dans ce cas, le langage perd toute légitimité et puissance d'agir contre la violence physique. [...]
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