« Vivre heureux, ô mon cher Gallion, qui ne le désire ! » C'est ainsi que Sénèque débute son ouvrage La Vie heureuse. La quête du bonheur serait donc une recherche commune à tous. Mais une recherche visiblement difficile, car « tout le monde tâtonne ».
Pascal, dans ses Pensées, s'accorde sur ce point : « nous nous disposant à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais ». Selon lui, l'inaccessibilité du bonheur viendrait de notre attitude à nous tourner sans cesse vers l'avenir sans penser au présent, prenant ce dernier comme moyen d'accéder au bonheur et non comme fin. La recherche du bonheur nous condamne-t-elle à ne jamais être heureux ? (...)
[...] Si c'est dans sa quête que nous éprouvons le bonheur, nous pouvons nous interroger sur sa durabilité : est-il fugitif ou bien est-ce un état durable et stable ? [...]
[...] Nous restons en suspens, dans l'espoir de l'avenir. Mais chaque instant présent qui s'efface laisse place à un bout d'avenir qui devient à son tour présent. Chaque chose que nous espérée finit par disparaître avec son espoir, d'où l'idée que nous ne vivons plus. Ce rapport à la préoccupation et aux occupations de façon plus générale, Sénèque l'aborde avec la notion de ce qu'il appelle les occupati, des gens absorbés par de vaines occupations, qui ne pourront jamais accéder au souverain bien le bonheur. [...]
[...] Or les hommes sembleraient avoir oublié les conséquences de leur condition de mortels. Certains vivent comme si leur vie devait ne jamais prendre fin et s'en aperçoivent trop tard ou ne s'en aperçoivent pas du tout. La vie est divisée en trois périodes : le passé, le présent et l'avenir. Des trois, celle que nous vivons est courte, celle qui nous attend est douteuse, seule celle que nous avons vécue est certaine Voici la vision de Sénèque dans La Brièveté de la vie. [...]
[...] le bonheur lui-même. De même que les personnages d'Oncle Vania regrettent leur bonheur passé, mais l'ont-ils vécu en toute conscience alors ? On peut en douter. Ceci est d'ailleurs l'un des premiers constats de Sénèque dans La Vie heureuse : on s'en éloigne d'autant plus qu'on la poursuit avec plus de fougue Cette phrase rejoint encore une fois les propos de Pascal : se tourner sans cesse vers l'avenir ne peut aboutir au bonheur. Il en est de même pour le passé : ne vivre que dans le passé est synonyme de ne pas vivre, et donc cela fait obstacle au bonheur. [...]
[...] Quant au passé, période certaine de notre vie, il est le temps du souvenir et de la mémoire. Le souvenir pouvant être plus ou moins agréable, la mémoire plus ou moins juste et précise. Les personnages d'Oncle Vania présentent une nostalgie, un regret du bonheur passé. Il semblerait que cette nostalgie influe sur l'état d'inertie dans lequel sont plongés les personnages, jusqu'à ce que cette inertie se transforme en violence qui est en quelque sorte un déclic pour la suite de la pièce. [...]
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