domination, structure de domination, Montesquieu, Les Lettres Persanes, discours, La Boétie, violence, libido dominandi, liberté, pouvoir
Il est communément admis de renvoyer dos à dos liberté et servitude comme deux notions irréconciliables. Pourtant, dans Lettres persanes, Montesquieu met dans la bouche de son personnage, Roxane, une réflexion pour le moins originale : « J'ai pu vivre dans la servitude, mais j'ai toujours été libre ». Le caractère ramassé et percutant du propos le tire du côté de l'aphorisme. Ainsi deux termes, notoirement antonymes, finissent-ils par cohabiter. Cette cohabitation est d'autant mieux mise en relief que l'adjectif « libre » est modalisé par l'adverbe « toujours » qui en souligne la permanence. Tout se passe comme si la servitude devenait non seulement associée à l'émancipation, mais encore sa condition. Dès lors, la question qui se pose est de savoir jusqu'à quel point cette réalité de délivrance au sein des structures de domination peut être véritablement authentique. Si cette réalité n'était qu'illusion ?
[...] Cette dernière doit se construire non pas au sein de la servitude, mais en opposition avec elle. Pour ce faire, la violence n'est pas le moyen idoine. L'émancipation est enclenchée par une prise de conscience du dominé qui change sa posture. Mais cela ne peut se faire que par un long processus éducatif dont la pierre angulaire est la littérature. Le lot d'injustices accompagnant la servitude est tel qu'on peut être tenté de recourir à la violence pour accéder à la liberté. [...]
[...] Jusqu'à quel point la réalité de délivrance au sein des structures de domination peut-elle être véritablement authentique ? Introduction Il est communément admis de renvoyer dos à dos liberté et servitude comme deux notions irréconciliables. Pourtant, dans Lettres persanes, Montesquieu met dans la bouche de son personnage, Roxane, une réflexion pour le moins originale : « J'ai pu vivre dans la servitude, mais j'ai toujours été libre ». Le caractère ramassé et percutant du propos le tire du côté de l'aphorisme. Ainsi deux termes, notoirement antonymes, finissent-ils par cohabiter. [...]
[...] « Une telle atmosphère de mensonge, dit Torvald, apporte la contagion des germes malsains dans toute une vie de famille. » (p. 111). Il faut donc se rendre à l'évidence que cette liberté est pure fantasme dès lors qu'elle ne remet pas en question la toute-puissance du dominant. Dans son Discours, La Boétie développe la théorie des tyranneaux selon laquelle le tyran a besoin de petits tyrans pour garder son empire. Certes, il peut être floué par eux, ce qui est peut-être le signe de leur liberté. Mais ils demeurent ses objets. [...]
[...] Ainsi être asservi ne veut pas dire inévitablement être soumis, bien au contraire. Le dominé peut donner l'impression d'accepter la domination pour mieux s'en libérer. Mais est-ce une véritable liberté ? En réalité, la liberté construite au sein d'un rapport de pouvoir est pure mirage. En effet, elle est, d'abord, condamnée à la clandestinité, ensuite, elle ne change pas les rôles au sein du système du pouvoir, et, finalement, elle n'a aucun impact sur la réalité qui demeure inchangée. Une émancipation condamnée à l'obscurité de la clandestinité n'en est pas une. [...]
[...] À cet effet, il est intéressant de relever un point commun à Lettres persanes et Une maison de poupée. Les femmes ont beau être enfermées, asservies, elles gardent intacte en elles une représentation nette de la liberté. La preuve en est qu'elles construisent une sphère de l'intimité, à l'abri des incursions de l'homme, au sein même de la servitude. C'est le cas de Nora avec son amie Mme Linde et celui de Zachi avec l'une de ses esclaves. À défaut de pouvoir s'affranchir, le dominé simule l'adhésion au système de domination. Celle-ci devient l'expression d'une liberté impérieuse. [...]
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