A première vue, rien ne semble rapprocher la « sagesse antique » et la « science moderne ». Or, longtemps, les rapports entre la philosophie et la science ont été dominés par la croyance que la philosophie était une manière scientia scientiarum (science des sciences), donc un savoir totalisateur, chargé d'embrasser tout le savoir intelligible de l'ordre temporel.
Ainsi, la philosophie a d' abord été une réflexion scientifique sur la nature et les causes qui font qu'existent l'univers, l'homme, la société. Le problème posé est donc le suivant: « quels rapports peut-on établir entre la science et la philosophie? » Autrement dit, de quel ordre sont ces relations? Science et philosophie possèdent-elles des caractéristiques communes? Ou bien sont-elles dissymétriques? (...)
[...] Cependant si science et philosophie sont sur le même piédestal au point de vu du but il y a-t-il des domaines où l'application de la science valoriserait celle de la philosophie et vice-versa? II Sciences et philosophie : des limites distinctes Les sciences sont susceptibles d'engendrer, ou à tout le moins, de nourrir la philosophie. En effet, on peut remarquer que des travaux fondamentaux en science impliquent bien souvent des questions et des recherches de nature proprement philosophique, principalement en ce qui relève de l'appareillage conceptuel de l'articulation et l'évolution de la discipline: les sciences cognitives formées essentiellement par les neurosciences, la linguistique, la psychologie cognitive . [...]
[...] Ainsi, Newton désignait ses travaux sous l'appellation de philosophie (son maître d'ouvrage de 1687 portant le titre de Philosophiae Naturalis Principia mathematica), Descartes, dans son essai scientifique Discours de la méthode, fit d'importantes découvertes en mathématiques (le repère cartésien: abscisses et ordonnées), mais aussi en optique, tout en poursuivant des recherches en biologie et en médecine par le moyen de dissections . Les Encyclopédistes participent aussi à cette double- matière menant de front travaux de philosophie et recherches de physique, de chimie, de géologie. [...]
[...] N'est-il pas en effet, en un sens, à lui-même sa propre énigme, si l'on en croit le mythe d'Œdipe et du Sphinx? En cela, il est bien cet animal métaphysique décrit par Schopenhauer: c'est peut être parce que seul de tous les vivants, il est conscient de sa propre finitude et de ses propres contradictions, qu'il se pose la question Pourquoi? et est en quête toujours recommencée , de principes à même d'y répondre, que ce soit par le biais d'une explication par des lois physiques (tel le phénomène de gravité: comment se fait-il que l'on soit attiré vers la Terre ou d'une réflexion sur son propre mode d'être (les hommes se demanderont toujours pourquoi ils sont). [...]
[...] Conclusion Si science et philosophie se recoupent et se complètent dans plusieurs domaines, elles sont aussi discordantes sur de nombreux points notamment dans leur approche différente. Cette évolution des relations peut être résumée par la citation de Claude Bernard, grand expérimentateur et théoricien: L'union solide de la science et de la philosophie est utile aux deux; elle élève l'une et contient l'autre S'il est vrai que la raison est ce qui permet à l'espèce humaine de chercher à surmonter les périls créés par son affranchissement des contraintes de la nature, cette union ou pour le moins une communication dont traite Bernard, semble alors vital; le terme de communication correspondant aujourd'hui à une nécessité culturelle profonde, à une fonction sociale nécessaire, à un fait de civilisation significatif qui n'est pas réductible aux progrès des techniques. [...]
[...] Inversement, on aurait tort de croire que dans le monde contemporain, les connaissances ne relèveraient que de la science, alors que la philosophie ne serait réduite qu'à la sphère des valeurs. L'expérience prouve que la philosophie dispose aussi de ressources conceptuelles qui peuvent parfois s'avérer comme des outils essentiels aux sciences (certes limités), dans le progrès des sciences expérimentales, et l'on peut en trouver un exemple spécifique, en neurophysiologie. Une situation assez unique en son genre a pu se créer: celle où un philosophe (Karl Popper) enseigne à un scientifique (John Eccles) l'essentiel de ses conceptions épistémologiques, et où un scientifique finit par en tirer profit. [...]
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