Tout comme l'homme moderne exprime ses craintes vis-à-vis de son éventuelle domination par ses propres inventions, on a coutume de penser que la nature est dominée par sa propre création qu'est l'homme. Francis Bacon, au XVIIe siècle, émet une nuance : 'on ne commande à la nature qu'en lui obéissant'. Obéir pour mieux pouvoir façonner la nature, voilà l'attitude que l'homme a dû adopter dans un premier temps. Cependant, à l'intérieur de ses règles, la nature a permis à l'homme de la façonner, de la commander.
Le sujet nous invite donc à nous interroger sur les rapports de force existant entre la nature et l'homme. Qui est le dominant ? Qui est le dominé ? Est-ce si catégoriquement tranché ? Bacon n'a-t-il pas mis en évidence des rapports plus complexes ? Il semblerait finalement que c'est en obéissant pour mieux commander, puis en commandant pour mieux s'émanciper que l'homme est au bout du compte parvenu à faire émerger un compromis avec la nature.
[...] Il n'y a en effet ni dominant, ni dominé. Car l'homme a vite compris qu'une lutte efficace contre un adversaire réside dans la connaissance de cet adversaire. Or pendant qu'il tentait de s'extraire de l'autorité de la nature, il lui est apparu que cette même nature n'est pas un adversaire, mais au contraire un élément indispensable à son évolution sur la terre. La naissance du compromis entre nature et homme semble être une réponse aux sentiments paradoxaux qui les animent, mais le compromis ne paraît ni stable, ni immuable. [...]
[...] Le clonage constitue l'exemple d'une maîtrise de la nature et du détachement de ses règles. Ainsi, de même, on voit bien que si la nature a imposé au départ une vie terrestre à l'homme qui est né sans ailes, il est pourtant en mesure de voler aujourd'hui, et par là même de défier les règles de la pesanteur. Ces exemples illustrent la capacité de l'homme à façonner la nature pour en obtenir des produits entièrement étrangers à cette même nature. [...]
[...] Commander pour mieux s'émanciper En effet, l'homme obéit à la nature pour pouvoir nuancer sa condition et l'environnement dans lequel il évolue et pour mieux être en mesure de s'émanciper. Peut-être que Francis Bacon aurait été quelque peu étonné de découvrir les récentes innovations humaines. Depuis quelque temps, le danger de perdre une partie de sa nature humaine et de voir ses inventions le dépasser fait partie des préoccupations de l'homme. C'est alors l'émergence des questions dites d'éthique qui constitue la marque de cette nouvelle préoccupation. [...]
[...] Quelle relation existe-t-il alors entre la nature et l'homme ? Car l'homme est animé de deux états d'esprit très paradoxaux. En effet, la nature de l'homme se manifeste en partie par un désir féroce de domination de la nature (cela pourrait d'ailleurs constituer un second paradoxe) : il a du mal à accepter les règles naturelles qui le limitent dans ses propres capacités ; l'objectif est alors de dépasser ses limites, d'accroître ces capacités. Et il semble y parvenir dans certains domaines : la nature de l'homme obéit à elle-même. [...]
[...] Cependant, à l'intérieur de ses règles, la nature a permis à l'homme de la façonner, de la commander. Il s'agit alors de comprendre ces règles, de les accepter pour mieux les maîtriser. Pour se plonger au XVIIe siècle, on peut ainsi prendre l'exemple de la sculpture : elle représente une marque concrète de la maîtrise de la matière par l'homme. Le sculpteur utilise des matériaux. Or chacun de ces matériaux possède des caractéristiques, des propriétés qui lui sont propres. La nature offre au sculpteur l'occasion de l'étudier, de la comprendre afin de la maîtriser et d'en faire une œuvre d'art, production exclusivement humaine. [...]
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