Pour Platon, l'imitation ou mimésis est la condition incontournable de toute production, artisanale ou artistique. D'un autre côté, il met en garde contre une imitation qui se rallierait exclusivement à la fidélité aux apparences (...)
[...] I - L'art, recomposition de la réalité Comment pourrait-il y avoir plus dans l'art que dans la réalité ? L'art est d'abord un moment du réel, il fait partie du réel, dans lequel toute œuvre occupe une place, a une certaine histoire, voire une valeur pécuniaire. Pour qu'il y ait plus dans l'art que dans la réalité, il faudrait donner à la création humaine une positivité qui égale celle de la création divine. Nous avons, à travers la question du génie, à quelles difficultés cette conception menait. [...]
[...] L'art est cette réalité paradoxale qui ment pour dire le vrai, qui médiatise le réel pour le donner à voir. Conclusion : Certes, il semble qu'il n'y ait pas plus dans l'art que dans la réalité : l'artiste crée toujours à partir d'éléments empruntés au réel qu'il recompose à sa façon ; l'art apparaît comme une perte, une dégradation de la réalité, de sorte que Pascal semble effectivement avoir raison lorsqu'il affirme : Quelle vanité que la peinture qui force l'admiration pour la ressemblance des objets dont on n'admire point les originaux {Pensées, 34). [...]
[...] La mimétique, dans l'ordre de la production humaine, se divise elle-même en art de copier (les copies sont des imitations qui reproduisent exactement les proportions et les couleurs du modèle) et en art de faire des simulacres : les simulacres ne sont pas des copies et sont destinés, quand la copie est impossible en raison de la grandeur de l'objet, à donner l'illusion de celui-ci, de sorte que cet art du simulacre, dont la peinture est l'exemple le plus manifeste, peut être appelé un art de tromperie. L'artiste, en effet, n'est qu'un faiseur de simulacres. Dans la République (livre X Platon compare l'œuvre de Dieu, celle de l'artisan relativement à la production d'un objet d'usage, comme le lit. Quant au peintre et à sa tâche de représentation du lit, il n'est qu'un imitateur de ce dont les autres sont des ouvriers Le statut négatif de l'artiste renvoie donc à une vision hiérarchisée de la réalité et de la production, depuis l'archétype jusqu'à la représentation de l'objet. [...]
[...] Platon condamne cet art moderne dont l'essence est l'imitation pour plusieurs raisons : ce type d'art possède une affinité avec la sophistique et désigne un art d'assouvissement et non un art du beau ; la manie de la ressemblance qui va jusqu'au trompe-l'œil a quelque chose de servile ; la technique de l'illusion est une sorte de mensonge organisé ; l'irréel finit par prendre le pas sur le réel. Jusqu'au milieu du XIXe siècle, l'art, et notamment l'art pictural occidental, comporte une part délibérée d'illusionnisme. Si l'art est le règne de l'apparence, il ne l'est qu'à un premier degré seulement. Pour déceler le vrai, il est nécessaire d'interpréter l'œuvre, de la réfléchir, de la laisser retentir en nous. Dans le processus artistique, le paraître est au service de l'être. [...]
[...] L'art est une dégradation au carré, il copie les apparences de la copie e la réalité que sont les productions de l'artisan. En effet, pour Platon l'imitation ou mimésis est la condition incontournable de toute production, artisanale ou artistique. D'un autre côté, il met en garde contre une imitation qui se rallierait exclusivement à la fidélité aux apparences. Platon s'interroge fondamentalement sur le rang qu'occupe l'art à l'intérieur de la connaissance et sur le rapport de l'image illusoire avec la réalité dont elle est l'image. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture