« Je sais que je vais mourir mais je ne le crois pas ». Jean Guéhenno révèle par cette phrase la distance qui sépare la croyance du savoir. En effet, les croyances sont a l'inverse des connaissances, des représentations illusoires, hypothétiques ou avides de ce qui nous entoure. Ainsi, elles recouvrent le champ de ce que l'on appel idée mais seulement certaines sont conformes a la raison (...)
[...] C'est le cas par exemple des parents petit moine. Cette histoire est relatée par Brecht, dans la vie de Galilée Le petit moine demande à être reçu par Galilée avant la parution de son ouvrage pour le convaincre de ne pas le publier. L'argument principal du petit moine est le fait que dévoiler la vérité au grand jour confrontera des personnes comme ses parents a une vérité cruelle, eux, pauvres paysans, ne sont pas au centre de l'univers mais se trouvent sur un petit amas de cailloux parmi tant d'autres Leur vie s'en trouverait alors bouleversée et il est fort probable qu'ils n'accepteraient plus la misère qu'ils subissent. [...]
[...] De ce fait, le raisonnement ne peut atteindre et détruire toute cette croyance. Spinoza avance aussi un autre argument qui pourrait expliquer la persistance d'une croyance telle que celle de la distance du soleil. En effet, dans l'Éthique appendice, il montre que les hommes se sont formé des croyances aux causes finales, c'est à dire qu'ils ont interprété la nature comme un ensemble de moyens qui leur était offert par Dieu. Mais ils se sont alors trouvés confrontés à un paradoxe : si Dieu maitrise la nature en vue de l'usage qu'en feront les hommes alors d'ou viennent les catastrophes naturelles ? [...]
[...] En effet, dans cette lettre, Epicure montre par un raisonnement juste que la mort n'est pas un mal. Mais, en réalité, lorsqu'il écrit que la mort n'est pas un mal pour nous, car ce qui est dissous est privé de sensibilité et ce qui est privé de sensibilité n'est rien pour nous alors, malgré le fait que le lecteur acquiesce a sa démonstration, aucun ne sera convaincue par celle ci. Cela est du au fait que le raisonnement, pour qu'il soit complet et convaincant, doit apporter une solution de remplacement à la croyance que l'on avait et qui nous apaisait. [...]
[...] Une illustration directe de ce phénomène est le cas des dénis de grossesse. En effet, des mères en dépit du fait qu'elles sachent inconsciemment ou non qu'elles sont enceintes, renient leur grossesse au point de n'apprendre que quelques jours avant l'accouchement qu'elles sont porteuses d'un enfant. Spinoza appuie cette thèse qui veut que certaines vérités fassent peur aux Hommes. C'est ce qu'il montre dans le traité Theologico-Politique lorsqu'il annonce, à la première ligne de la préface que si les hommes avaient le pouvoir d'organiser les circonstances de leur vie au gré de leurs intentions, ou si le hasard leur était toujours favorable, ils ne seraient pas en proie a la superstition Or les superstitions sont les croyances pour Spinoza. [...]
[...] On comprend alors que les deux notions sont liées. Si la raison conduit au vrai, alors une réflexion menée par la raison, un raisonnement, serait en mesure de combattre ces illusions dont les individus sont dupes. Il est donc légitime de se demander si, dans la mesure ou certaines croyances doivent être combattues, celles ci peuvent l'être par le biais de la raison. Mais l'expérience nous montre que certaines croyances résistent à la raison car celles ci reposent sur des fondements qui lui sont étrangers tels que les désirs ou la peur. [...]
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