Progrès technique, peur du progrès technique, accident technologique, peur de l'inconnu, Descartes, intelligence artificielle, peur contre-productive, Hans Jonas, principe de précaution
Nous vivons une époque marquée par des progrès techniques toujours plus nombreux et dans tous les domaines de notre existence. Ce que l'on pensait impossible il y a seulement cinquante ans en termes de communication, de transports, ou de robotisation se réalise ou est en passe d'aboutir. Nous améliorons sans cesse ces outils et ces méthodes qui nous permettent de répondre à nos besoins, ce qui ne peut manquer de produire un formidable espoir, puisque tout progrès est par définition positif. Cependant, ces avancées sont accompagnées d'une peur grandissante : on craint les dangers des nouvelles technologies, on perçoit le progrès technique comme une menace pour l'humanité. Cette peur peut sembler exagérée au vu des nombreux bienfaits que le progrès technique nous a déjà procurés ; mais en même temps, n'est-elle pas légitime si on considère les dérives de ce progrès ? N'aurait-on pas des raisons d'avoir peur des avancées de la technique ?
[...] Esprit critique comme juste distance entre peur paralysante et confiance aveugle. Fait d'agir en prenant des précautions, sagesse, circonspection. Hans Jonas et le principe de précaution montrent que certains progrès techniques doivent être interdits lorsqu'ils mettent en danger l'humanité, comme par exemple le clonage reproductif.Il faut cultiver cette méfiance raisonnable au sein de toute la population, car la régulation du progrès technique relève de la morale et de la politique. Exemple des comités d'éthique : réflexion citoyenne sur des avancées techniques comme la GPA ou la PMA. [...]
[...] C'est une autre raison d'avoir peur. En effet, nous avons naturellement peur de l'inconnu, puisque nous ne pouvons pas évaluer les risques ou les avantages. Par prudence, nous avons tendance à rejeter ce qui est inconnu. Nous pouvons faire le parallèle avec le progrès technique : nous savons que les techniques ont des effets qui n'apparaissent qu'à long terme, comme nous avons déjà pu le constater par le passé, avec les effets secondaires de certains médicaments, comme dans le cas du « Mediator » ; ce médicament prescrit dans le traitement du diabète et pour lutter contre la prise de poids entraîne des accidents cardio-vasculaires qui auraient fait environ 500 morts ; mais le lien entre le médicament et ces effets n'a été fait que tardivement. [...]
[...] Et plus les conséquences d'une perte de contrôle sont graves, car les techniques deviennent plus puissantes. On peut légitimement se demander si nous serons toujours capables de maîtriser nos inventions, ou si celles-ci vont nous échapper comme le monstre échappe à Frankenstein. Le roman publié en 1818 par Mary Shelley montre bien que cette peur d'une perte de contrôle sur nos inventions n'est pas nouvelle, et les accidents technologiques confirment que nous ne pouvons tout maîtriser, avec une gravité croissante de ce danger. [...]
[...] Par exemple, certains vaccins posent problème : mais est-ce une raison valable pour ne plus se faire vacciner, comme c'est la tendance actuelle en France ?Une peur contre-productiveLa peur ne repose pas toujours sur une information objective et un raisonnement rigoureux : elle ne relève pas de la raison, elle n'est pas toujours fondée. Elle est alimentée en grande partie par une tradition de fiction dystopique. Par exemple dans les films comme « Terminator ». Évoquant les innovations techniques, souvent IA, échappant à l'homme. Or le but de la science-fiction est d'imaginer un futur, non dans un but d'information, mais pour créer des émotions. La fiction est l'œuvre de l'imaginaire distincte de la réalité. [...]
[...] Même si certaines techniques ont un but de destruction, la majorité est pacifique et a un but positif comme améliorer les conditions de vie humaine. (cf., Descartes et Jonas). Donc il n'est pas raisonnable d'avoir peur de l'ensemble du progrès technique, car les dérives et inconvénients sont inférieurs aux avantages amenés par la technique.Même lorsqu'il y a un danger réel et avéré, la peur est contre-productive. La peur conduit au rejet et donc à l'arrêt de tout progrès. Comme les communautés amish refusant le progrès technique (car celui-ci favorise l'orgueil) et le refus des avancées médicales des 20 et 21e siècles. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture