La raison est la faculté de penser qui permet de comprendre les choses et donc de juger, de distinguer le vrai du faux. Raisonner, c'est faire usage de la raison, ce n'est pas forcément donner raison. « Vous n'avez pas raison ou tort parce que d'autres ne sont pas d'accord avec vous, vous avez raison parce que vos faits sont exacts et votre raisonnement est juste » dit Warren Buffet. Ainsi, il y a des raisonnements qui créent des certitudes, mais il existe également des certitudes qui ne viennent d'aucun raisonnement, voire même qui dépassent l'entendement chez certains.
[...] On oppose traditionnellement la croyance religieuse à la raison. La croyance renvoie à une adhésion, au fait de tenir quelque chose pour vrai, et cela sans démonstration rationnelle. La religion ne semble pas affaire de raison. La religion renvoie à la croyance, à la foi : on croit ou on ne croit, on a la foi ou on ne l'a pas. Il semblerait que croire ne serait plus faire usage de la raison. Dans La Critique de la raison pure, Kant affirme qu'il n'est pas possible de prouver l'existence de Dieu car la raison parvient à concevoir ce qui lui échappe. [...]
[...] Ainsi, il y a des raisonnements qui créent des certitudes, mais il existe également des certitudes qui ne viennent d'aucun raisonnement, voire même qui dépassent l'entendement chez certains. Dès lors, l'usage de la raison favorise-t-il le rejet de toute croyance ? Les croyances religieuses sont-elles basées sur des certitudes ? A quels titres les croyances par savoir douteux seraient-elles condamnables ? Les croyances scientifiques sont- elles irréfutables ? L'usage de la raison peut engendrer le rejet de certaines croyances, mais il ne suppose pas le rejet de toute croyance. [...]
[...] Si l'usage de la raison permet de rejeter ou de mettre en valeur la croyance, elle s'efface parfois au profit du sentiment que l'homme ressent malgré lui. L'homme peut donc aussi et heureusement faire usage de son cœur. D'ailleurs, Pascal résume ce concept par sa célèbre pensée le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas L'auteur des Pensées, Pascal, signifie par là qu'une connaissance rationnelle de Dieu, même si elle est possible, ne peut fonder la religion. [...]
[...] Soit la croyance se rapproche de la superstition, comme prier Dieu pour obtenir quelques biens terrestres, et en ce sens elle est irrationnelle ; soit la croyance renvoie alors à ce qui dépasse le pouvoir de l'entendement, et en ce sens elle est rationnelle : ce n'est pas nier la raison que de croire en un Dieu, une intelligence supérieure ordonnant l'univers. Dès lors, on comprend la citation de Voltaire dans son Traité sur la tolérance : La superstition est à la religion ce que l'astrologie est à l'astronomie, la fille très folle d'une mère très sage Quand il s'agit de la religion, du savoir douteux et de la croyance scientifique, on trouve en définitive autant d'exemples prouvant ou réfutant l'idée que l'usage de la raison suppose le rejet de toute croyance. Dès lors, chacun peut revendiquer ses croyances particulières. [...]
[...] L'usage de la raison ne supposerait donc pas le rejet systématique de toute croyance. Pourtant, les personnes qui utilisent à outrance l'usage de la raison finissent par rejeter plus facilement les croyances. La croyance est communément assimilée à une attitude irrationnelle car on qualifie d'irrationnel ce qui est contraire à la raison. Or, la religion ne semble pas relever de la raison mais de la croyance ou de la foi, en ce sens elle n'en est pas pour autant irrationnelle : il ne s'agit pas de démontrer rationnellement que Dieu existe, il s'agit d'y croire. [...]
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