La raison peut-elle être mise au service du Mal ? - publié le 07/02/2012

Résumé du document

La raison peut se distinguer de deux manières : elle est d'une part la faculté logique et rationnelle, capable de calculer et de prévoir des évènements. Cette faculté, utilisée pour répondre à des besoins d'objectivité notamment, rend compte d'une certaine froideur et d'une neutralité, qui pourraient ne pas toujours être raisonnables, contrairement aux premières impressions. D'un point de vue moral d'autre part, la raison peut être définie comme faculté de penser, de raisonner afin de permettre à l'homme de juger et d'agir conformément à des principes moraux, ayant pour but premier le bien. Cette faculté, en tant qu'aptitude morale visant le bien, s'oppose donc radicalement au mal, notion immorale et donc contraire au bien, pouvant causer la douleur, la peine et le malheur d'autrui. Cette notion de mal implique également ici le mal au sens technique du terme. En effet, le mal en tant qu'il accomplit des mauvaises actions étant d'ordre nuisible et immoral, peut-il utiliser la raison comme outil en vue d'effectuer ces actions ?

Extraits

[...] C'est en cela que l'on peut dire que la raison peut-être mise au service du mal. Le mal, en tant que notion perverse, immorale et machiavélique, peut très bien utiliser la structure rationnelle et calculable de la raison, tout en délaissant la partie morale que pourrait contenir la raison. La raison perdrait alors son objectif et les fins pour lesquels elle a été créée à la base, à savoir agir en vue de faire le bien de l'humanité, et servirait alors la cause contraire : le mal, cette puissance nuisible, pleine de ferveur et d'intensité démoniaque. [...]

[...] Cependant, nous pourrons tenter de penser que finalement, la raison en tant que faculté intelligente et raisonnée n'est pas dupe de cette exploitation du mal. Malgré les apparences, la raison n'est pas le jouet de cette notion destructrice, car si la raison cause le mal, c'est en fait une action volontaire et réfléchie qu'elle exécute afin de servir ses propres intérêts. Quant à la raison morale, elle n'a aucune relation directe avec le mal et commande sans déchanter ses principes moraux à l'homme, dont le mal se sert illégitimement pour déguiser ses actes. [...]

[...] Quoi qu'il en soit, la rationalité au service du mal permet à celui- ci d'être efficace et puissant. Bien que certaines théories puissent s'opposer à l'association de la raison et du mal, l'histoire et les évènements actuels nous démontrent que si : la raison a déjà été mise au service du mal, et continue à l'être aujourd'hui. En effet, les théories hitlériennes et nazies considérées aujourd'hui délirantes et démesurées ont réussi à exterminer environ 5 à 6 millions d'hommes juifs et entre et tziganes lors des génocides survenus de 1939 à 1945. [...]

[...] Néanmoins, la pratique et les évènements historiques chassent rapidement ces postulats théoriques, en démontrant la possibilité de cette association du mal à la raison, la raison pouvant être mise au service de la raison sur plusieurs domaines. En effet, les génocides, en tant qu'extermination physique, intentionnelle et programmée d'un groupe en raison de ses origines, témoignent de la puissance dévastatrice du mal, défini comme mal absolu et nuisance incontestable, qui met à son service la froide et impassible raison rationnelle, cruelle faculté de prévoir et de programmer les évènements maléfiques. De la même manière, la raison en tant que faculté morale peut se trouver exploitée et instrumentalisée au profit d'un mal cruellement immoral et perverti. [...]

[...] Ainsi, la raison ne peut être au service du mal, le mal ne se décidant qu'à travers le seul inconscient, indépendamment de la raison. Lacan, dans le Séminaire, livre VII, soutient l'idée selon laquelle les représentations du bien et du mal se trouvent prises dans un système décomposé de réfraction, imposé par la structure des frayages inconscients C'est par ce seul inconscient que le sujet se rapporte à ce qui se présente pour lui comme le bien à suivre et à effectuer. [...]