Cependant, il faut interroger la prétention de la raison à tout connaître. En effet, l'expérience nous révèle qu'il arrive que la raison entre bel et bien en contradiction avec elle-même, c'est-à-dire qu'elle échoue à déterminer une connaissance vraie à propos d'un objet. Ne faut-il en effet pas plutôt fixer des limites de droit à la raison, auquel cas la notion même de contradiction serait remise en cause. Une raison posant qu'elle peut tout connaître entrerait alors en contradiction avec les moyens qu'elle peut mettre en œuvre. La contradiction de la raison serait le signe qu'elle a franchit les limites de son usage légitime. Du fait de la restriction de son domaine d'action, la raison aurait donc la possibilité d'être en contradiction avec elle-même, mais cela ne signifie pas pour autant qu'elle en ait le droit. Reste à savoir si la raison doit s'accrocher à tout prix au principe de non-contradiction, même s'il s'avère que ce principe est, justement, en contradiction avec les choses...
[...] Il faut que le rapport de connaissance cède la place à la réflexion qui fait sa part au devenir. Or le rapport de connaissance s'appuie sur la proposition de l'identité, alias de la non- contradiction Cette proposition pose que A = quoi que ce soit que ce A désigne Ici, c'est l'égalité à soi absolue qui est posée c'est le même A qui est des deux côtés. La seule inégalité vient du fait que l'un des A est situé à gauche de l'égalité et l'autre à droite. [...]
[...] Une raison posant qu'elle peut tout connaître entrerait alors en contradiction avec les moyens qu'elle peut mettre en œuvre. La contradiction de la raison serait le signe qu'elle a franchit les limites de son usage légitime. Du fait de la restriction de son domaine d'action, la raison aurait donc la possibilité d'être en contradiction avec elle-même, mais cela ne signifie pas pour autant qu'elle en ait le droit. Reste à savoir si la raison doit s'accrocher à tout prix au principe de non-contradiction, même s'il s'avère que ce principe est, justement, en contradiction avec les choses. [...]
[...] La raison, loin de proscrire la contradiction, se nourrit ici de l'unité des contraires. La première exigence de la dialectique est de ne rien tenir pour absolument séparé, ni non plus isolé, dans ce qui se présente pourtant comme tel au premier abord : Nous appelons dialectique le mouvement rationnel supérieur, à la faveur duquel [des] termes en apparence tout à fait séparés passent les uns dans les autres spontanément, par le fait même de ce qu'ils sont, l'hypothèse de leur séparation se trouvant ainsi éliminée En d'autres termes, toute thèse recèle déjà en soi son antithèse, et les deux sont supprimées dans la synthèse. [...]
[...] Ainsi, Kant dit que le critère simplement logique de la vérité [ ] est, il est vrai, la condition sine qua non et, par suite, la condition négative de toute vérité ; mais la logique ne peut aller plus loin ; aucune pierre de touche ne lui permet de découvrir l'erreur qui atteint non la forme mais le contenu (Critique de la Raison Pure, Logique transcendantale De la division de la logique générale en analytique et dialectique transcendantales»). C'est là bien ce que montre l'antinomie de la raison pure : des propositions apparemment contradictoires entre elles et non-contradictoires en elles-mêmes, s'avère être soit fausses deux par deux, soit toutes deux vraies. Cela parce que, au-delà de leur forme logique, leur contenu n'est pas interrogé. [...]
[...] La raison est donc mise en échec. Comme les deux propositions semblent contradictoires, il faudrait donc que, la thèse ne pouvant être regardée que comme fausse, l'antithèse soit vraie. Or, si l'on pose que l'antithèse est vraie, alors on remonte de cause en cause sans que la série ne soit jamais finie, alors que la raison est à la recherche d'une connaissance achevée. L'antithèse est donc également fausse. Afin de sortir de cette contradiction, ce qui est nécessaire si on veut que la raison ne tourne pas dans le vide et puisse encore nous fournir une connaissance vraie, Kant montre que le monde dans sa totalité n'est pas un objet de connaissance. [...]
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