Le vocabulaire quotidien décline volontiers, à partir de « raison », deux adjectifs que l'on ne peut confondre : d'une part le rationnel, de l'autre le raisonnable. D'un enfant, à partir d'un certain âge, on attend par simple exemple qu'il se montre raisonnable, mais cela ne signifie pas encore que sa pensée devrait être purement rationnelle. Une telle distinction a-t-elle un sens sérieux et durable, ou doit-on admettre qu'en fait, et pour peu qu'on s'intéresse à une raison ayant atteint sa maturité, tout ce qui en participe relève de la seule logique ? (...)
[...] Rien ne le montre mieux que les errances de la science avant la reconnaissance des apports de l'expérience. Si la physique d'Aristote (et encore celle de Descartes) est fausse alors que ses déductions sont sans doute impeccables, c'est parce qu'elle trouve son point de départ dans une réception passive de perceptions, comme si la nature se devait de nous révéler de son propre mouvement des lois de son organisation. Lorsqu'au contraire Galilée constate l'intérêt qu'il y pour l'esprit scientifique, à commencer par questionner la nature avec précision, pour qui programme l'élaboration progressive des sciences expérimentales, compte simultanément des données de l'expérience active et des exigences de la logique mathématique (lorsqu'on mathématise les observations obtenues). [...]
[...] Ainsi, les règles du syllogisme constituent par exemple les modèles de déductions justes. On sait toutefois que la vérité de la déduction ne concerne pas le contenu empirique des propositions : il est possible d'élaborer des syllogismes parfaitement vrais, mais empiriquement absurde (seules les girafes ont des yeux bleus ; ma grand-mère a les yeux bleus ; donc ma grand-mère est une girafe). Si de tels enchaînements logiques peuvent être amusants, on devine assez mal quel peut être leur intérêt pour qui s'intéresse au monde et aux vérités que l'on peut élaborer à son propos. [...]
[...] Celle-ci désigne un univers qui n'est pas seulement celui, extérieur à l'homme, de la nature, mais qui concerne l'homme lui-même, dans ses relations avec tous les autres. Wolf prétend la ramener à la simple application d'un strict principe d'identité : serait moral le comportement dont l'aboutissement en contre dit pas le point de départ. Mais Kant, même s'il conserve quelque chose de cette exigence, objecte qu'on repère de la sorte un caractère de la conduite déjà morale, et non ce qui la fonde. [...]
[...] La solution serait alors de s'en tenir aux exigences de l'impératif catégorique : que la maxime qui règle ma volonté puisse être considérée comme loi, et ainsi avoir une portée universelle. Il y a dans une telle conception une rigueur incontestablement logique (au point que le souci d'universalisation de la conduite ressemble un peu à une recette mécanique) mais Kant remarque par ailleurs qu'au sens strict ou pur, il n'a peut-être jamais existé un comportement rigoureusement moral au monde Ce qui semble indiquer que, tout en se préoccupant d'être rationnel, l'homme n'obéit pas à la seule logique. [...]
[...] La raison est-elle seulement affaire de logique ? Introduction Le vocabulaire quotidien décline volontiers, à partir de raison deux adjectifs que l'on ne peut confondre : d'une part le rationnel, de l'autre le raisonnable. D'un enfant, à partir d'un certain âge, on attend par simple exemple qu'il se montre raisonnable, mais cela ne signifie pas encore que sa pensée devrait être purement rationnelle. Une telle distinction a-t-elle un sens sérieux et durable, ou doit-on admettre qu'en fait, et pour peu qu'on s'intéresse à une raison ayant atteint sa maturité, tout ce qui en participe relève de la seule logique ? [...]
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