Plaisir, puissance critique, raison, bonheur, utilité, justice, Epicure, critique légitime
On reconnaît à peine le plaisir dans la sensation dé-symbolisée où Epicure place le ferment de la sagesse, réduite au mode de vie le moins douloureux. Car sur fond de matière, d'atomes, de hasard, en dehors de toute interprétation
intellectuelle autre que matérielle, délivré du religieux, le plaisir revient à l'absence de douleur, au retrait d'un esprit apaisé, sans attentes, sans regrets, acceptant son corps sans trouble inutile (même « la mort n'est rien »). Dans ces conditions, le souvenir rend plus heureux que la jouissance présente, trop engagée, encombrée de liens.
[...] Mais comment rester sur un plan de comparaison objective dès qu'on pèse des biens en vue d'une émancipation pratique ?Une difficulté interne taraude l'hédonisme : réduire le plaisir pour l'élever au souverain bien, ou l'isoler du bien pour l'accueillir sans le réduire ? Soit réduire le plaisir à sa plus simple ex pression, comme un idéal qui ne se traduirait que par quelques sensations jointes à la certitude d'être dans le vrai ; soit, comme Aristippe, accueillir tous les plaisirs sans critère d'appréciation autre que le fait, vague et sans principe discriminant, du bienêtre. [...]
[...] La raison n'est-elle pas seule capable de présenter ses titres de puissance critique légitime, apte à discriminer un bien ou un principe - bonheur, utilité, justice ? Le plaisir subordonné au bonheur dans l'eudémonisme. Difficulté de l'hédonisme à donner au plaisir le statut du bonheur On reconnaît à peine le plaisir dans la sensation désymbolisée où Epicure place le ferment de la sagesse, réduite au mode de vie le moins douloureux. Car sur fond de matière, d'atomes, de hasard, en dehors de toute interprétation intellectuelle autre que matérielle, délivré du religieux, le plaisir revient à l'absence de douleur, au retrait d'un esprit apaisé, sans attentes, sans regrets, acceptant son corps sans trouble inutile (même la mort n'est rien Dans ces conditions, le souvenir rend plus heureux que la jouissance présente, trop engagée, encombrée de liens. [...]
[...] L'important n'est pas de ressentir quelque chose, mais de savoir que le plaisir simple est le vrai bien. L'hédoniste se garde des physiciens et l'hypothèse matérialiste ne demande pas grande étude. La radicalité critique revendiquée par le moins eudémoniste des hédonismes antiques, celui d'Aristippe, s'autorise d'une définition minimale, quantitative, du plaisir : il a sa mesure en lui-même, comme choc léger et mouvement doux, sur lequel on peut agir aisément. Cette sagesse n'est pas une armure intérieure, c'est une souplesse, une disponibilité à l'égard de tout ce qui se présente dans la vie (S. [...]
[...] Le plaisir n'introduit pas dans le bonheur une critique interne, il ne remet pas en question la signification du bien qui l'englobe. La vie du sage, tournée vers les essences, est celle qui donne le plus de réjouissances, le moins de douleurs tout au long de la vie Le Philèbe affine le rapport entre le plaisir et la sagesse : une vie heureuse n'est ni une vie de sagesse ni une vie de plaisir, mais mélangée de sagesse et de plaisirs. [...]
[...] L'hédonisme épicurien est avant tout une gestion démystificatrice des croyances. La radicalité Cyrénaïque n'attend guère plus de l'expérience du plaisir : possède Laïs, elle ne me possède pas. Voilà donc un contenu du plaisir si élémentaire que la sagesse qui s'en réclame réduit à l'extrême son idéal de bonheur. En sont absents la plupart des biens de vie qui font l'unité d'une vie heureuse dans les eudémonismes : Platon, ou Aristote, font une place à de tels biens, ainsi qu'au plaisir. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture