Le rapport entre la raison et la religion ne peut que nous interroger par son ambivalence. En effet, la religion semble bien être à la fois un produit de la raison, une manière pour l'homme de s'interroger sur le sens de son existence, et un obstacle à la raison, en affirmant avec trop de certitudes parfois ce qui reste au fond une croyance. On peut alors croire à une opposition inévitable entre raison et religion, la raison ne pouvant qu'exiger de la religion qu'elle admette n'être qu'une croyance et non un savoir. D'un autre côté, la religion structure aussi une démarche de connaissance rationnelle car elle témoigne du besoin qu'a l'homme de donner un sens à son existence là ou le savoir manque et où la science reste parfois muette, notamment lorsqu'il s'agit de savoir ce qu'est le bien et ce qu'est le mal.
On ne peut alors que se demander si un conflit entre la raison et la religion est à ce point inévitable. Le problème revient à chercher si toute entente, voire une complémentarité entre la raison et la religion est impossible ou, au contraire, possible.
[...] Les faits nous montrent plutôt que les hommes mentent et que le mensonge peut être utile. Comme le montre Freud, la science ne peut que laisser à la religion le soin de "diriger les opinions et les actions par des préceptes qu'elle soutient de toute son autorité". En effet, parce qu'elle ne peut pas poser ces principes moraux, la science se voit incapable de faire valoir une opposition éventuelle. Ainsi, de par les limites de la raison, la science se voit obliger d'accepter que la religion satisfasse l'homme là où elle-même ne peut le satisfaire. [...]
[...] La raison entre-t-elle nécessairement en conflit avec la religion ? Le rapport entre la raison et la religion ne peut que nous interroger par son ambivalence. En effet, la religion semble bien être à la fois un produit de la raison, une manière pour l'homme de s'interroger sur le sens de son existence, et un obstacle à la raison, en affirmant avec trop de certitudes parfois ce qui reste au fond une croyance. On peut alors croire à une opposition inévitable entre raison et religion, la raison ne pouvant qu'exiger de la religion qu'elle admettre n'être qu'une croyance et non un savoir. [...]
[...] Enfin, la raison peut invoquer un argument d'ordre moral pour condamner l'attitude religieuse, laquelle met justement en péril les fondements mêmes de la morale, qui exige le principe de tolérance et du respect des opinions. Or la religion fait apparaître en son fondement même une volonté de "faire partager" ce qu'elle estime être vérité. D'où les conflits entre différentes religions, allant jusqu'aux "guerres" de Religion, qui ne peuvent que heurter la raison morale dont le but est précisément le bien, lequel semble impliquer la justice et la paix entre les hommes, par-delà leurs différences. [...]
[...] En effet, il semble que, malgré ses limites, la raison doive toutefois exercer un certain contrôle sur la religion. Il convient de distinguer différentes formes de croyances. On aura de "bonnes" et de "mauvaises" croyances, c'est-à-dire des bonnes et de mauvaises façons de croire. Ici, ce n'est pas tant la religion en elle-même qu'il convient de limiter, mais ses formes plus concrètes, tant individuelles que collectives, lesquelles peuvent dériver en superstition ou en fanatisme. C'est donc à chaque homme d'exercer intérieurement sa raison pour mesurer le caractère raisonnable et rationnel de sa croyance religieuse, quitte à vivre une sorte de "mise à l'épreuve" de sa foi, que Dostoievski analyse à travers la figure des frères Karamazov. [...]
[...] Nous avons pu croire à un conflit inévitable entre la raison et la religion, tant la raison a de quoi s'opposer aux différentes manifestations de la religion, souvent contraires aux exigences de vérité et de respect. Pourtant, les limites de la raison semblent ne plus pouvoir l'autoriser à condamner ce qui, dans la religion, satisfait et humanise l'homme. Pour autant, cette harmonie possible entre la raison et la religion ne dispense pas la religion de se soumettre aux exigences de la raison et au devoir de se maintenir dans les limites qui sont les siennes, à savoir son statut de simple croyance soumise au principe de tolérance. [...]
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