On pense généralement que croyance et raison ne peuvent s'associer car les croyances mettent en œuvre des éléments contraires à la raison. En effet, aucune donnée empirique ne vient étayer la thèse de l'existence de Dieu. De plus, dans le cas des religions dites « révélées », l'on peut évidemment contester les seuls éléments de réponse avancés : les miracles et les prophètes. Ainsi, la religion apparaît le plus souvent comme complètement opposée à la raison humaine car elle se base sur des croyances infondées et subjectives. Néanmoins, si la raison et la croyance ont toujours eu des rapports complexes et conflictuels, nous sommes à même de nous demander s'il est possible d'envisager une conciliation des aspirations religieuses avec les exigences de la raison. Ou l'opposition entre croyance et raison est-elle inévitable ? Au-delà de cela, nous pouvons nous demander quel est le droit que se disputent ces deux puissances, quel est cet objet de contestation. Est-ce la vérité ? S'il s'agit d'elle, les preuves données par la raison peuvent-elles faire disparaître la conviction ? Ou bien peut-on concevoir une croyance religieuse qui soit en accord avec les exigences de la raison ? A l'inverse, si la croyance religieuse renvoie à un domaine où la législation de la raison n'a pas sa place, est-ce à la raison de reconnaître ses propres limites et de céder volontairement la place à la croyance ?
[...] Mais ce désir, moteur de cette construction imaginaire de Dieu, est représentatif de la naïveté des hommes. Lorsque l'ignorance des causes est trop patente, les hommes s'émerveillent sottement et se réfugient en Dieu, asile de l'ignorance Ainsi, la croyance en la providence divine, en un ordre finalisé de la nature, se révèle être le fruit du manque de connaissance. Par la même Spinoza critique l'usage que font les hommes des causes finales. Ceux-ci agissent en vue d'une fin ultime (leur propre bonheur) et mettent tout en œuvre pour la réaliser. [...]
[...] Cette dernière prenant directement source dans les limites de la pensée humaine. Leur relation conflictuelle n'a donc plus lieu d'être. La croyance religieuse entendue comme peu probable et irrationnelle nous a conduits à nous poser la question de son utilité et de sa nécessité. Dans un premier temps nous avons avancé plusieurs hypothèses notamment le fait que la croyance puisse provenir d'une attente de réponses indispensables qui se posent à nous au cours de notre existence. Dans un second temps nous avons vu qu'il n'était pas nécessaire d'envisager les rapports entre croyance et raison sous une forme qui soit seulement polémique, mais que l'on pouvait concevoir une certaine conciliation des deux si elle était bien conduite. [...]
[...] Prenons l'exemple de Saint Anselme (11e siècle) qui n'entend pas opposer croyance et raison, car la raison lui semble pouvoir éclairer la croyance, sans la nier pour autant. C'est en ce sens qu'il propose ce qu'il pense être une preuve rationnelle de l'existence de Dieu, appelée preuve ontologique. L'athée (qu'Anselme appelle l'insensé et le croyant peuvent s'accorder sur le sens du mot Dieu : quelque chose de tel que rien ne se peut penser de plus grand. Une telle chose existe donc bien dans mon esprit, puisque je peux m'en faire une idée. Mais existe-t- elle dans la réalité ? [...]
[...] De plus, le cœur comble les lacunes de la raison car c'est par lui que nous sont connus les premiers principes avec autant de certitude que les connaissances acquises par raisonnement. Par conséquent, le cœur comme la raison nous permet d'atteindre la vérité. Cependant, en considérant que c'est sur la connaissance du cœur et de l'instinct qu'il faut que la raison s'appuie et qu'elle y fonde tout son discours Pascal souligne les limites et l'impuissance de la pensée humaine. Pascal humilie ainsi la raison sans la répudier, il ne fait ni du pyrrhonisme ni de la misologie : au contraire, cette attitude procède de la volonté d'en faire bon usage. [...]
[...] Pour lui, la raison ne serait pas la seule source de vérité possible : il existerait un autre instrument sur lequel pourrait s'appuyer la pensée humaine. Pour démontrer cela, Pascal se confronte aux Sceptiques, descendants de Pyrrhon. Ceux-ci prétendent ne pouvoir parvenir à aucune connaissance certaine car ils ne peuvent tout démontrer, ce qui les condamne à une régression à l'infini. Pascal émet alors un reproche non négligeable : les Sceptiques ne reconnaissent pas l'usage possible du cœur comme instrument de vérité. [...]
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