On tend naturellement à opposer raison et croyance, la première étant vue comme le moyen d'accéder à une réflexion logique et fondée, la seconde à l'inverse comme une pensée spontanée et naturelle. Mais il est indéniable que raison et croyance sont deux idées étroitement liées, voire consécutives, comme le fait remarquer Pascal : « La dernière démarche de la raison est de comprendre qu'il y a une infinité de choses qui la dépassent ».
[...] D'après lui, le savoir, donc la raison, ne peut laisser de place à la croyance. Kant établit d'ailleurs une distinction entre la foi, donc la croyance, qu'il voit comme objectivement insuffisante, mais subjectivement suffisante, et la connaissance qui résulte de la raison qu'il considère comme objectivement et subjectivement suffisante. Il y a donc deux ordres de réalité : la raison correspond au savoir scientifique, la croyance à la foi et à l'intuition. La distinction entre raison et croyance permet de délimiter deux ordres du savoir : la connaissance rationnelle qui peut être démontrée par l'expérience, et une forme de savoir relevant de la culture et fondée sur l'interprétation. [...]
[...] L'homme a également recherché des preuves à sa croyance. Si on prend le cas de la croyance religieuse, l'existence divine peut être démontrée de façon cosmologique : la finalité et l'ordre de l'univers ne peuvent être attribués qu'à un esprit raisonnable ; physico-théologique : tout effet ayant une cause, la cause première de l'univers est dieu ; et ontologique, notamment employée par Saint Anselme : après avoir posé dieu comme parfait, on ne peut que penser qu'il existe, car si on lui ôtait l'existence, il perdrait sa perfection. [...]
[...] La croyance se définit donc comme cette capacité d'admettre ce que nous ne pouvons pas connaître, justement parce que nous ne pouvons pas le connaître. C'est cette incapacité à la connaissance qui fait la nécessité de la croyance face à la raison. Sans elle, l'homme serait borné à ce qu'il est dans la mesure d'expérimenter, et ne pourrait penser ce qu'il ne peut connaître. Une fois encore, on voit bien que croyance et raison sont complémentaires. Raison et croyance sont donc potentiellement toujours en conflit. [...]
[...] Dans ce cas, la raison faillit à apporter une connaissance fondée, et et en réponse à ce manque s'établit la croyance, en quelque sorte pour offrir un certain équilibre au sujet. Il ne reste ainsi pas sans réponse face a une question qu'il se pose, et peut se baser sur un résultat, qu'il soit connaissance ou croyance. La croyance et la raison sont dans ce cas complémentaires. La croyance peut donc être un système de substitution en cas de faiblesse de la raison. [...]
[...] De plus, on peut dire que la science comme aboutissement de la raison est objective, alors que l'opinion qui se base sur la croyance est subjective. D'après La formation de l'esprit scientifique de Bachelard, l'opinion pense mal ; elle ne pense pas, elle traduit des besoins en connaissances Dans cet essai, Bachelard met en avant la différence entre la science, qui par le raisonnement, aboutit à une connaissance, et l'opinion qui se base sur une croyance indémontrable par définition. L'opinion apparaît comme une morale provisoire qui doit être détruite pour laisser place à la science et à la raison. [...]
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