Si la philosophie se définit comme l'amour ou l'amitié de la sagesse, la sagesse elle-même est l'état atteint par celui qui se gouverne lui-même selon sa raison... La grande tradition philosophique l'a toujours affirmé, même à travers des systèmes de pensée très divers, voire opposés, incompatibles. L'idée serait qu'en agissant ainsi, le désir de bonheur que tout homme porte en lui soit comblé par un amour d'essence supérieure (...)
[...] C'est la nature dit-on. Spinoza, en affirmant la réalité du conatus c'est à dire de l'effort de tout être pour persévérer dans son être, définit le Désir comme l'Appétit avec conscience de lui-même ce qui revient à dire qu'en la matière, le désir précède le jugement, que l'on en ait conscience ou pas. Il y a un déterminisme universel qui régit la Nature, et pour lui, Dieu ou la Nature c'est tout Un. Dans cette perspective, on ne se pose même pas la question de savoir s'il est raisonnable d'aimer puisqu'il n'y a pas de liberté individuelle qui tienne Si l'on pose la question au niveau des tendances que l'on dit rationnelles mais de façon implicite seulement, on peut répondre différemment, du fait que l'on trouve ou que l'on se trouve toujours de bonnes raisons qui,ne sont pas toujours bonnes d'ailleurs, pour se laisser aller à ses sentiments ou à ses passions : un crime passionnel n'est peut-être pas raisonnable, mais il a des mobiles, c'est à dire des raisons qui l'expliquent, même si elles ne le justifient pas. [...]
[...] Aimer exige l'investissement de l'homme tout entier, à tous les niveaux de ses tendances naturelles : irrationnelles, rationnelles, et trans-rationnelles, lesquelles sont parfois dites de l'ordre de l'Irrationnel (avec une majuscule) qui signifie que cet Irrationnel n'est pas en-deçà de la raison mais au-delà. La raison n'a pas toujours raison, au sens où elle n'a pas toujours le dernier mot. Elle est apte à discerner le vrai du faux, mais non à en décider, elle situe la vérité objective indépendamment d'elle- même, elle admet qu'il puisse y avoir des choses qui soient (qui existent) et qui par le fait soient vraies, et qu'elle ne les connaisse pas encore. [...]
[...] Nous voyons qu'elle est d'abord inconsciente, mais qu'à mesure que le sujet en prend conscience, il exige que son existence s'accorde avec ce désir. C'est ce que Frankl, un psychiatre contemporain, appelle la Volonté de Sens, et ce qu'il en dit est qu'il dépend du sujet humain de donner un sens à son existence, en se donnant lui-même à un tâche, une personne ou un idéal, un Dieu. Cela revient à dire qu'il est suprêmement raisonnable d'aimer, même si nous serions bien en peine de la démontrer. [...]
[...] Est-il raisonnable d'aimer ? Introduction Si la philosophie se définit comme l'amour ou l'amitié de la sagesse, la sagesse elle-même est l'état atteint par celui qui se gouverne lui-même selon sa raison La grande tradition philosophique l'a toujours affirmé, même à travers des systèmes de pensée très divers, voire opposés, incompatibles. L'idée serait qu'en agissant ainsi, le désir de bonheur que tout homme porte en lui soit comblé par un amour d'essence supérieure. Or, cette conception ne satisfait pas tout le monde : l'amour est par essence folie, ivresse, démesure, mais en rien raisonnable, dit-on. [...]
[...] L'amour intègre les deux composantes de notre être comme il intègre les deux mouvements de l'amour, celui qui est ascendant et qui désire recevoir, et celui qui est descendant et qui donne, qui se donne. Mais on ne peut discerner le véritable amour que par la faculté de juger du vrai et du faux, la raison, et on ne peut le vivre que par l'engagement de la volonté , dans la réciprocité du don. Alors seulement, il est raisonnable d'aimer. Conclusion Nous avons suivi dans notre démarche les différents niveaux d'intervention de la raison dans l'ensemble de nos tendances, la tendance de fond étant le désir de bonheur. [...]
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