Vie, nature, contre-nature, nature humaine, innocence
On désigne souvent par nature un état antérieur au monde civilisé dans lequel nous vivons, sorte d'âge d'or fictif où les vices et les maux seraient inexistants. L'état de Nature, qu'on oppose à la culture et la civilisation, serait donc un stage idéal de l'humanité. L'homme responsable des maux humains (guerre, pauvreté, inégalités, désastres écologiques) mais aussi l'homme inventeur des arts et des techniques serait-il « dénaturisé » ?
[...] Mais pour Socrate, la loi établie par plusieurs hommes est la loi des hommes supérieurs et donc la loi des meilleurs puisqu'une masse de gens est supérieure à un seul individu. Dès lors, la loi des hommes est celle de la nature. Dans ce sens, la théorie du contrat social de Rousseau se fonde sur la loi de la nature. En effet pour « renaturer » l'homme (sans retourner dans l'État de nature) Rousseau invente le contrat social, permettant de garantir l'égalité et la liberté entre les hommes. Les individus décident d'abandonner l'état de nature et donne leur liberté au souverain à travers un contrat social. [...]
[...] Il s'agir donc de comprendre comment la vie de l'homme pourrait-elle être en contradiction avec son essence même. Pour répondre à ce paradoxe, on se réfère donc à un âge historique originel de l'humanité, antérieur à celui des civilisations et des cultures humaines : l'État de nature. Bien que l'État de Nature représente seulement les relations naturelles où règnent la guerre, il est souvent assimilé à un idéal fictif, un âge d'or où les hommes vivaient en accord avec la nature, sorte de jardin d'Éden. [...]
[...] Il est donc normal que la vie humaine s'y déroge. Mais la dépression et le pessimisme dramatique de Schopenhauer ne sont pas la réponse à cette absurdité. La souffrance fait partie de la vie et l'homme doit l'utiliser pour affirmer sa puissance créatrice (c'est pendant son séjour à l'asile que Van Gogh fut le plus productif), pour se créer une nouvelle nature. Le surhomme nietzschéen, celui qui laisse aller ses passions et les utilisent pour être une puissance créatrice, serait donc l'idéal que l'homme devrait atteindre. [...]
[...] Rousseau explique que même si les vices et les maux des hommes étaient inexistants dans l'État de nature, un « retour en arrière » serait fait au prix de l'évolution, des avancés, techniques, des arts, des civilisations crées par l'homme. L'évolution de l'homme n'est pas une mauvaise chose, l'homme est une nature naturante, il se crée lui même, se cherche. La nature humaine invente des totalités su generis, elle s'augmente elle-même. L'enjeu est donc de « renaturer » l'homme. Comment l'homme pourrait-il trouver une vraie nature ? Comment l'homme pourrait devenir ce qu'il est ? Faut-il pour cela se fonder sur un droit de la nature ? [...]
[...] L'homme responsable des maux humains (guerre, pauvreté, inégalités, désastres écologiques) mais aussi l'homme inventeur des arts et des techniques serait-il « dénaturisé » ? En quoi la vie peut-elle être contre-nature ? Mais l'homme évolue constamment, il s'améliore, se modèle lui-même (pour le meilleur et pour le pire), il ne peut rester dans son état premier, si parfait soit-il. La « nature » humaine s'augmente, se crée elle-même, invente des totalités su generis. Cette perte de nature est-elle forcément une mauvaise chose ? Peut-on même parler de « nature » humaine ? [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture