Dans Les Mouches, J-P Sartre disait qu'on « ne peut vaincre le mal que par un autre mal ». Il est ici question de lutte contre le mal, dans le sens où Sartre considère qu'il doit être vaincu. Seulement, la seule arme capable de combattre cet acte nuisible et immoral est le mal lui-même.
Celui-ci apparaît donc comme surpuissant, au point de ne pas avoir de meilleur adversaire que lui-même.
C'est peut-être en ce sens que le mal est souvent assimilé au scandale. Contraire à la morale, il produit indignation et colère dans l'opinion publique. Comme l'inceste ou l'adultère, il heurte les consciences et choque les esprits. Le mal est honteux, mauvais ; il doit être puni.
Mais le mal fait partie du quotidien. L'homme fait du mal à son semblable au nom de causes qu'il dit justes, et bien souvent aussi au nom d'intérêts personnels et cupides.
Le questionnement sur les origines du mal crée également scandale, et reste souvent sans réponse. D'où vient le mal ? Est-il immanent à l'homme, ou ne concerne-t-il que certains ? Dieu a-t-il créé le mal, en l'insufflant dans l'âme humaine ? Pourquoi cet être de bonté a-t-il choisi de créer un sentiment aussi mauvais ?
Des interrogations qui se résument en trois grandes questions centrales : Qu'est-ce qui, dans le mal, suscite le scandale ? Le mal doit-il être impérativement puni ? Enfin, dire que le mal est un scandale peut-il être en soi scandaleux ?
[...] Augustin pense que le simple fait de croire que le mal vient de Dieu est un blasphème. Pourtant, Dieu a créé les mauvais hommes, les tyrans . et même si on prétend que le mal vient du diable, cet ange est tout de même la création d'un dieu bon et juste. Saint Augustin pose alors une hypothèse : puisque Dieu ne peut pas créer le mal, c'est que le mal n'existe pas. Et que la seule définition du mal réside dans la crainte qu'on en a : le mal, c'est la crainte du mal. [...]
[...] Peut-on justifier la peine de mort comme châtiment ultime ? Si le mal crée autant de scandale, c'est parce qu'il est partout, même dans la justice. L'expression un mal pour un bien est-elle justifiable ? Un homme qui a commis un crime doit socialement être puni. Cautions, emprisonnement, voire peine de mort . autant de châtiments aujourd'hui considérés comme justes dans la plupart des sociétés. Mais ces châtiments, au même point que de brûler en enfer pour l'éternité, ne sont-ils pas mauvais ? [...]
[...] Le châtiment aurait la propriété d'éveiller chez le coupable le sentiment de la faute ; on voit en lui le véritable instrument de cette réaction psychique que l'on appelle mauvaise conscience remords Le but du châtiment est d'empêcher l'exercice du mal et de donner à l'homme conscience de la faute, mais Nietzsche remet en cause tout le but du châtiment. Il stipule que la punition ne crée pas de remords, mais qu'au contraire elle aiguise l'aversion et endurcit l'auteur du crime (Généalogie de la morale). Peut-on donc envisager de punir le mal ? Dans les sociétés modernes, laïques ou non, ce sont les autorités et les institutions judiciaires qui assurent la sécurité des hommes et punissent le mal. [...]
[...] En effet, dans toutes les civilisations, à toutes les époques, l'être humain a été auteur ou victime du mal, souvent les deux à la fois. C'est cette inhérence et cette complexité qui créent la polémique autour du mal: quoi qu'on fasse, il est toujours présent. Il est inscrit dans la nature humaine et s'exprime régulièrement, malgré toutes les précautions que l'on peut envisager de prendre. L'homme porte-t-il donc en lui la marque du mal ? Ne peut-il en aucun cas s'en détacher ? D'où vient ce mal que l'habite et le pousse à agir ? [...]
[...] Alors que la vengeance ne défend que l'intérêt personnel de la victime, la justice rend le crime immatériel : on parle de crime contre la société, contre l'humanité . le crime est de plus en plus généralisé. De plus, la justice est exercée par des hommes, et personne n'est à l'abri des dangers du mal. Celui-ci crée des sentiments de vengeance et de rancune, et surtout, la raison humaine n'est pas à l'abri des erreurs, et donc des mauvais jugements. Peut-on punir le mal par le mal ? Quelles sont les limites de la justice ? [...]
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