Le mot passion possède une charge affective exceptionnelle. C'est le premier mot qui nous vient à l'esprit pour justifier nos raisons de vivre. L'opinion commune emploie ce terme majoritairement dans deux cas : celui de la passion amoureuse, et celui des « passions », dans le sens de divertissement préférés. Mais on définit aussi la passion comme affection très vive, presque irrésistible qu'on éprouve pour une chose, objet de cette affection (Dictionnaire Hachette). Comment comprendre le sens de l'affection ? Est-elle morale, psychologique ou physique ? Touche-t-elle davantage le corps ou l'âme ? Est-elle choisie ? Est-elle issue de la raison ? Peut-elle toucher la raison ? La justesse de nos interrogations se trouve dans les enjeux que ces dernières supposent, et notamment la place de la dignité humaine, de la liberté, de la morale.
La passion semble toucher le plus fondamentalement au corps, et cette affirmation est reconnue dans l'expérience de tout un chacun : qui n'a pas senti le manque, qui ne s'est jamais senti emporté ? Et même, nous verrons combien cet emportement est déraisonnable et irraisonné, et surtout, combien la passion implique passivité. Mais cette approche suffit-elle ? Peut-on seulement considérer la raison comme sagesse, capacité de régler sa conduite selon les considérations du juste, du bon, du mauvais ? Si l'on observe les mécanismes de la passion, on réalise qu'elle provoque un déséquilibre psychologique, et plus encore, qu'elle suppose même, paradoxalement, la raison. Mais alors quelle est la part de raison –s'il y en a une- dans la passion ? Comment l'homme doit-il se comporter face à ces deux phénomènes qui lui semblent être inhérents ?
[...] Les deux protagonistes des Liaisons dangereuses de Laclos, le Vicomte de Valmont et la Marquise de Merteuil, avaient saisi l'empire de la passion et manipulaient le désir des autres, poussant les uns à la ruine et les autres au suicide. En effet, l'ardeur passionnée est, comme la plupart des désirs, insatiable : comme dans le mythe de Tantale, l'homme s'imagine boire l'eau désirée, il la voit couler à sa portée, mais peu importe ses efforts, il ne l'atteint pas. La passion le mène à une frénétique et vaine lutte. [...]
[...] Y aurait-il un lien entre passion et pensée qui nous aurait échappé à la première observation de l'état passionnel ? Pour que la passion existe –pour l'homme-, il faut d'abord qu'il y ait conscience de cette passion. Ainsi, la passion n'est pas inaccessible à la raison, puisque sans elle, elle ne serait même pas. On considère dès à présent la raison humaine davantage comme la faculté de connaître et de juger, et même, par extension, comme l'ensemble des facultés intellectuelles. [...]
[...] Affection déraisonnable penchant irrésistible désir intense la passion anime l'homme et pourtant il n'en a pas le contrôle. Pas de demie mesure pour la passion, elle est déraisonnable et ne soucie que peu des limites que pourrait imposer la raison : elle brave les obstacles et les interdits pour tenter de s'accomplir, même si elle n'est pas vouée à prendre fin. Le passionné n'est pas heureux: car dans l'amour- passion le désir de possession tend à la fusion, et n'est, par conséquent, jamais assouvi: on n'atteint jamais le cœur de l'être -d'où amertume et tristesse, au cœur même de la jouissance. [...]
[...] Le pédophile n'a pas choisi d'avoir pour passion celle des enfants, et en s'y abandonnant, il perd toute la dignité que l'on appelle humanité Mais l'homme n'est pas un animal (au sens primaire) car il possède la faculté de raisonner : et grâce à cette faculté, il doit apprendre à mériter le nom d' Homme Les animaux se demandent lequel sera parmi eux l'homme d'un jour. [ ] L'homme se demande si ce sera vraiment lui (Jules Supervielle) : l'humanité est en nous tous, ce qui implique la raison, les passions. Mais cette humanité implique une dignité, dignité définie au cours des temps par des critères tels que le respect ou la compassion. La passion est égoïste, la compassion est altruiste. Mais bien entendu, la compassion n'est pas facile : elle implique encore la souffrance. [...]
[...] Si l'on observe les mécanismes de la passion, on réalise qu'elle provoque un déséquilibre psychologique, et plus encore, qu'elle suppose même, paradoxalement, la raison. Mais alors quelle est la part de raison –s'il y en a une- dans la passion ? Comment l'homme doit-il se comporter face à ces deux phénomènes qui lui semblent être inhérents ? Au sens classique, la passion désigne tous les phénomènes dans lesquels l'âme est passive, notamment par rapport aux impulsions du corps. D'ailleurs, en suivant l'étymologie même du mot, passion vient du grec pathein signifiant souffrir, éprouver, endurer autrement dit un ensemble d'états dans lesquels un individu est passif, par opposition aux états dont il est lui-même la cause. [...]
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