« Notre corps détermine notre rapport au monde » Loin d'être un simple enregistrement du monde extérieur, la cognition se construit dans l'interaction entre l'organisme et son environnement.
[...] Le japonais n'exprime pas la colère au travers des mêmes signes corporels que l'occidental. Merleau-Ponty affirme pour cette raison : « La différence des mimiques recouvre la différence des émotions elles- mêmes » C'est-à-dire que la mimique ne constitue pas seulement un réflexe conditionné par l'émotion ressentie mais une manière d'exprimer celle- ci, de lui donner une signification propre, selon la culture de l'individu. Cette expression du corps est donc construite et orientée selon un certain « rapport au monde », par l'éducation et par l'effet mimétique d'un lien à l'autre qui s'inscrit en tant que signe dans l'attitude du corps. [...]
[...] La question qui se pose alors consiste à savoir jusqu'à quel point nos émotions sont construites par les signes qui les expriment et nous permettent de les vivre. La syntaxe de notre corps est- elle la manifestation de notre liberté ou au contraire l'emprise qu'institue en nous la nécessité d'opérer un rapport au monde à travers le langage ? Est- ce que tout en l'homme n'est qu'artifice ? Que vivons nous lorsque nous ressentons de la colère, de la joie, de l'amour, ou encore le sentiment de notre paternité ? [...]
[...] Si le corps et l'esprit doivent se penser comme la manifestation d'une « simultanéité » d'ordre phénoménologique, comment comprendre en quoi tout ce qui est humain relève d'une "équivoque" entre le biologique et non biologique? Dans un premier moment, qui s'étend de "En fait, jusqu'à les mêmes signes" Merleau-Ponty tente de déjouer une conception généralement admise, établissant un lien de nature entre nos émotions et la manière dont- elles s'expriment à travers les manifestations du corps. Nous pensons en effet qu'il y a une manière quasi- mécanique d'exprimer la colère ou la joie, ou encore l'amour. Toutes ces émotions semblent s'articuler à un « équipement psychophysiologique » pré- déterminé, relevant du biologique. [...]
[...] Que reste-t-il dans tout cela de la nature essentielle de la paternité ? Notre erreur est de considérer que celle-ci existerait en elle-même et pour elle- même, indépendamment de la manière dont nous avons de la vivre et de lui donner un sens. Pour Merleau-Ponty, ce que ce que nous appelons colère ou paternité n'a jamais exactement le même sens selon le rapport au monde que nous avons tracé. Mais pourtant, et c'est bien là que se trouve le paradoxe de notre humanité, nous construisons du sens à partir « d'instruments psychophysiologiques » et de déterminismes d'ordre biologiques. [...]
[...] Nos instincts sont institutionnalisés au même titre que nos émotions, dans le sens où ils ne sont pas déduits de notre réalité biologique mais de notre rapport au monde, celui que nous traçons au travers des normes culturelles et des usages, mais aussi celui institué par notre expérience vécue de façon singulière. Ainsi, notre corps semble constituer une syntaxe, au sens où ses postures et les sentiments qui les constitues sont « inventées comme des mots ». La mise en forme de ces mots traduit le sens que nous donnons à ce que nous vivons. [...]
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