En quoi l’éducation contribue-t-elle à la richesse des Nations ?

Résumé du document

Selon le philosophe Kant, l'homme est la seule créature qui doive être éduquée, le but étant de conduire l'homme à sa propre humanité, ce qui doit nécessairement passer par la discipline et l'instruction ; la discipline devant habituer l'enfant à supporter la contrainte des lois et l'instruction devant lui apporter la formation et l'enrichissement de l'esprit par la transmission du savoir et par l'étude. De fait, l'éducation, du latin « educatio » signifie « formation de l'esprit », et permet la mise en œuvre des méthodes et procédés propres à assurer la formation et le développement de l'être humain.
Ainsi, historiquement, la Révolution de 1789 constitue une étape essentielle par la revendication du droit à l'éducation devant permettre de véhiculer les idéaux républicains auprès des nouvelles générations de citoyens. Dans cette perspective, la Constitution « montagnarde » de 1793 affirmait : « l'instruction est le bien de tous », et « la société doit favoriser de tout son pouvoir les progrès de la raison publique, et mettre l'instruction à la portée de tous les citoyens ».
Dans cette logique, Condorcet, pour qui l'éducation revêtait un caractère de liberté et un moyen d'émancipation, formulait alors un plan pour un enseignement laïc et gratuit. Selon lui, les connaissances devaient être accessibles à tous, dans la mesure où l'enseignement devait permettre de redistribuer les chances entre les individus naturellement inégaux.

Cependant, l'éducation n'est pas appréhendée de la même manière partout dans le monde. L'état des lieux des systèmes éducatifs à l'échelle régionale mentionne en effet l'existence de disparités : des zones géographiques comme l'Afrique Subsaharienne, l'Asie du Sud-Est, le Pacifique, présentent des difficultés pour instaurer une éducation universelle. Outre les disparités entre les pays en développement, il existe une forte distorsion Nord-Sud en termes de niveau d'alphabétisation et du niveau qualitatif des systèmes éducatifs, reflets des disparités de richesses qui existent entre les pays « riches » et les pays en développement ou émergents.
Par conséquent, il apparaît avec certitude que l'éducation contribue à la richesse des nations, toutefois, la question qui peut se poser est celle de savoir de quelle manière et dans quelle mesure elle y contribue. Dans la mesure où la richesse d'une nation peut se constater notamment par son degré de développement politique, économique, social et culturel il convient tout d'abord d'établir le rôle stratégique de l'éducation dans le développement économique et social d'une nation (I), pour ensuite constater que les divergences existantes dans les systèmes éducatifs au niveau international reflètent finalement les divergences de richesses entre les pays du Nord et les pays du Sud (II).

Extraits

[...] Par ses multiples dimensions, l'éducation pour tous est alors affirmée comme facteur de réduction des inégalités et de construction de la citoyenneté, mais également comme facteur de croissance. Il existe d'ailleurs sur ce point un consensus de la communauté internationale, en dépit des divergences pourtant croissantes des systèmes éducatifs d'un pays à l'autre. L'exemple français témoigne de l'importance accordée aux moyens mis au service du système éducatif. En effet, par la dépense consacrée au financement de l'éducation à du PIB) et la mise en œuvre de politiques éducatives, la France a largement contribué au développement quantitatif de son système éducatif (jusqu'au milieu des années 90) et à la démocratisation de l'enseignement. [...]

[...] La situation est très différente dans les pays émergents. Alors que la baisse des naissances a permis que la pression démographique sur les systèmes éducatifs de base diminue ou même disparaisse depuis 1995, le nombre d'individus en âge d'aller dans le secondaire et dans le supérieur continue d'augmenter dans la plupart de ces pays. Ces étudiants et leurs familles aspirent généralement aux niveaux plus élevés d'enseignement et sont de plus en plus capables de les payer. L'augmentation de la demande en matière d'éducation reflète alors la reconnaissance croissante de ses bénéfices économiques et sociaux, tant pour les individus que pour les sociétés. [...]

[...] Ces différences s'expliquent largement par des facteurs économiques et financiers. Le système scolaire africain est ainsi relativement onéreux. De fait, à même taux de scolarisation, l'effort financier relatif (par rapport au PIB) est près de 10 fois supérieur à celui des pays industrialisés. Compte tenu de ces coûts relatifs élevés, la durée moyenne d'études en Afrique est donc 2 fois inférieure à celle de l'Asie ou de l'Amérique latine. L'Afrique devrait donc investir essentiellement dans l'éducation, et plus particulièrement dans les sciences et la technologie. [...]

[...] Les pays qui dépensent le plus tendent à penser que l'éducation supérieure est un bien public qui nécessite une intervention de l'État». Pour les autres, les avantages que procure l'éducation supérieure à chaque étudiant c'est-à-dire moins de chômage et des revenus supérieurs justifient la part plus importante du financement privé. Toujours est-il que les pays qui ont choisi d'investir dans l'éducation pour améliorer la formation et la réussite des garçons, mais aussi des filles ont vu leur croissance, ainsi que leur développement économique augmenter, ce qui montre bien, une nouvelle fois, que l'éducation contribue particulièrement à la richesse des nations dans le sens où elle favorise grandement le développement économique et social des États. [...]

[...] Le constat de divergences des systèmes éducatifs au niveau international : reflet des divergences de richesses au niveau mondial Le clivage existant entre les pays du Nord et du Sud se constate nécessairement sur le plan des systèmes éducatifs et de l'importance portée à l'éducation. En effet, l'exemple des systèmes éducatifs des pays de l'OCDE illustre particulièrement bien une interdépendance entre le développement économique et social, l'éducation et la richesse d'une nation De plus, les progrès constatés en matière de développement économique et social dans les pays émergents grâce aux efforts fournis dans le domaine de l'éducation montrent que l'éducation contribue bien à la richesse des nations A. [...]