Qu'est-ce, tout d'abord, que le dialogue ? Ce terme vient du grec dialegein, discourir l'un avec l'autre, et il est loin de posséder une signification unique. Il désigne, du point de vue historique, une forme de recherche philosophique par discussion et débat. Ainsi Platon a exprimé sa doctrine sous forme dialoguée. Mais le dialogue possède aussi un sens général en dehors de ce contexte historique : il signifie un entretien entre deux personnes, un échange réciproque de pensées par lequel peut s'opérer la communication des consciences. Le dialogue n'est rien d'autre qu'un échange d'arguments entre interlocuteurs, avec débat et renvoi de la discussion à l'autre partie.
« Favoriser » est le terme qui favorise l'éclosion de la « recherche de la vérité ». Cette expression désigne l'effort de l'esprit pour atteindre ce qui est réellement, c'est-à-dire ce à quoi l'esprit peut et doit donner son assentiment, par suite d'un rapport de conformité avec l'objet de pensée : ainsi parle-t-on, par exemple, de la « recherche de la vérité » de Malebranche).
Par conséquent, il s'agit de savoir si l'échange d'arguments entre interlocuteurs avec débat, examen des résultats du débat et renvoi progressif de la discussion à l'autre partie exerce un dynamisme sur l'effort de l'esprit pour atteindre ce qui est réellement et favorise son épanouissement. C'est donc l'éclosion d'une certaine tendance spirituelle qui semble ici examinée, dans ses relations avec le dialogue.
Le problème posé est celui de l'universalité de la vérité : en effet, si la vérité appartient à chacun, le dialogue n'est ni fécond ni créateur.
[...] En quoi le dialogue favorise-t-il la recherche de la Vérité ? Analyse du sujet. La notion de dialogue apparaît comme l'essence d'un certain nombre de grandes doctrines. Ainsi, dans la philosophie de Platon, le dialogue, avec questions et réponses, représente la base de la méthode dialectique : Socrate, en conversant avec ses interlocuteurs, leur permet de mettre à jour leur vérité. Mais il y a d'autres exemples : Berkeley, Schelling. Dialogue et philosophie semblent s'appeler l'un l'autre. Il faut donc définir soigneusement les termes figurant dans l'intitulé. [...]
[...] Mais en quoi cet échange favorise-t-il la recherche de la vérité ? Après tout, la vérité désigne une réalité objective, transcendant apparemment les individus et les consciences individuelles et on ne voit pas pourquoi l'échange dialogué favoriserait cette quête. Néanmoins, cette vision peut nous paraître simple et arbitraire. En effet, cette réalité objective qu'est la vérité n'est pas atteinte de manière immédiate. La vérité est bel et bien, comme le signale l'intitulé de sujet, le fruit d'un itinéraire et d'une recherche. [...]
[...] C'est l'exercice du dialogue qui favorise la recherche du vrai. Le dialogue socratique est lié à la maïeutique. Il est enfantement du vrai. J'exerce, dit Socrate, le même métier que ma mère. Accoucher les esprits est ma tâche. Nous dirons que le dialogue est un accouchement spirituel. Le dialogue, accouchement spirituel, permet donc l'avènement de l'universel et favorise le cheminement vers toute forme de vérité. Cet accouchement spirituel lui-même manifeste pleinement la fécondité de la parole et du langage. Si, en effet, le dialogue favorise pleinement la recherche de la vérité, c'est qu'il permet, grâce au langage et au discours, d'apporter conceptualisation, précision et détermination là où il n'y avait que du flou, de l'imprécis et du vague. [...]
[...] Plus essentiellement encore, le dialogue peut, soit apparaître comme un pressentiment de la dialectique, soit s'identifier à elle : cette proximité du dialogue et de la dialectique conduit à souligner la fécondité du dialogue dans la recherche de la vérité par la préhension du mouvement antithétique des choses et la potentialité de progresser vers les Idées et vers le Bien. Il faut donc savoir si la vérité est atteinte solitairement ou bien par l'échange réciproque des pensées. Le problème posé est le suivant : la vérité possède-t-elle une dimension d'universalité ou bien est-elle subjective ? Plan. Introduction Qu'est-ce que le dialogue ? L'échange exerce-t-il un effet ? L'universalité de la vérité. Le dialogue nous arrache au subjectif pur et favorise la recherche de l'universel, et donc de la vérité. Un échange réciproque de pensées. [...]
[...] Ainsi le dialogue, au sens général du terme, possède-t-il cette fonction cathartique que le dialogue platonicien manifeste lui aussi. Grâce au dialogue, effectivement, Socrate conduit ses interlocuteurs à découvrir le savoir qu'ils portent en eux-mêmes. Le dialogue féconde ici la recherche de la vérité. C'est le discours ordonné dans le dialogue qui permet de dépasser les certitudes de première main, les opinions irréfléchies, les évidences arbitraires. Ainsi, dans l'Hippias Majeur, le beau est progressivement dégagé, par le dialogue, loin de cette sphère des opinions subjectives. [...]
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