A qui appartient le corps humain ? - publié le 25/11/2015

Thèmes abordés

Corps humain, Mon corps m'appartient, C'est mon corps, libre disposition de son corps, droit de propriété, marchandisation du corps humain, atteintes à la liberté de disposer de son corps

Résumé du document

« C'est mon corps ! », « Mon corps m'appartient ! ». Ces mots d'ordre des féministes des années 1960-1970 restent largement présents dans le débat public contemporain. Ils sont repris en ce moment par les malades qui réclament l'euthanasie active, les prostituées qui souhaitent exercer librement leur activité, les individus qui veulent changer de sexe, les adeptes de la chirurgie esthétique, etc. La revendication de la libre disposition de son corps semble être devenue un fait banal dans les sociétés contemporaines, à mesure que les modèles traditionnels hiérarchique, patriarcal, religieux… s'effacent.
La réponse spontanée à la question posée dans le titre semble être « A moi ! ». Pourtant, ce n'est pas si évident, car la technique permet de plus en plus de s'approprier le vivant, voire le corps d'autrui.
Le droit de propriété implique trois éléments :
- le jus utendi (droit d'utiliser),
- le jus fruendi (droit de le faire fructifier),
- le jus abutendi (le droit de détruire).

Extraits

[...] Il a expliqué que l'habitus, c'est une habitude qui s'incorpore littéralement (s'insère dans le corps) et permet de repérer au premier coup d'œil la classe sociale des individus Aussi, le consentement des individus n'est parfois qu'une fiction. Le principe du consentement fonde le droit à disposer de son corps. Pourtant, divers déterminismes viennent perturber ce principe. Le corps est largement influencé, voire contraint, par la société. On voue un véritable culte à la beauté subjective, à la minceur, aux muscles . tels qu'ils sont promus par la mode, les gens connus, les médias, les normes sociales. C'est presqu'une forme d'eugénisme contemporain. [...]

[...] ceux qui veulent la prohiber au nom de la morale. Plus récemment, on a vu apparaître un courant "abolitionniste" (trouvaille de com' car parallèle avec l'esclavage) qui veut la démanteler, car il l'assimile à une forme d'esclavage dominé par des réseaux. Ruwen Ogien prêche quant à lui le droit des femmes à disposer d'elles-mêmes. Le cas de la Suède, qui pénalise les clients, semble montrer que la prostitution n'a pas disparu mais est devenue plus clandestine. La normalisation complète suscite un certain malaise. [...]

[...] Il en est allé de même de la transsexualité, dans une moindre mesure. En vertu du principe d'indisponibilité de l'état des personnes, la CCass s'est longtemps opposée aux demandes des transsexuels de modification de leur sexe sur les registres d'état civil. Cette jurisprudence ignorait le droit au respect de la vie privée du transsexuel, ainsi contraint de faire apparaître son ambiguïté sexuelle chaque fois qu'un document officiel lui était demandé. C'est sur le fondement de ce droit (article 8 de la Convention EDH) que la France fut condamnée en 1992 par la CEDH, conduisant la CCass à opérer la même année un revirement de jurisprudence. [...]

[...] Le premier occupant serait libre de s'en emparer, comme de toute chose immatérielle dénuée de propriétaire. Or, la personne n'est pas immatérielle. Elle connaît la faim, les dégradations liées aux températures Pour Baud, la législation en l'état est insuffisante. Ex : "La législation interdit le vol, mais pas de mourir de faim". Autre exemple : l'affaire John Moore. Cet homme avait une forme très rare de leucémie. En 1976, on estimait qu'il avait moins de 5 ans à vivre. Pourtant, il a été soigné avec succès par le professeur David Golde. [...]

[...] Celui-ci a publié La Vie, la mort, l'Etat Le débat bioéthique en 2009. C'est un philosophe analytique qui dénonce le paternalisme médical. Il dénonce aussi l'idée de dignité de la personne (kantienne à l'origine), extrêmement présente depuis 1945 dans les débats et le droit occidentaux. Pour lui, celle-ci n'est qu'une résurgence métaphysique du christianisme dénué de sens, un résidu religieux. Il évoque aussi les paniques morales que créeraient les conservateurs autour de sujets comme le clonage, la recherche sur les embryons . [...]