En société, chaque individu a -dès ses premiers instants de vie- une identité déterminée par la filiation. Le nom d'au moins un de ses parents lui est donné; on lui choisit un ou plusieurs prénoms et ces informations ainsi que les caractéristiques de cette filiation sont enregistrés dans les livres de l'état civil de la ville de sa naissance.
Cette filiation et cette identité sont -par la suite- consignées dans d'autres documents officiels que sont un acte de naissance, le livret de famille des parents puis la carte d'identité personnelle. L'identité civile comprend, en plus de ces premières informations, le sexe, l'âge, le statut social et familial de la personne.
[...] Ou, parce que je suis gai ou triste, parce que j'ai surmonté de difficiles épreuves ou qu'au contraire la vie m'a été souriante, je peux ne pas paraître mon âge ; ne pas l'avoir dans ma tête Ne dit-on pas communément : Il/elle ne fait pas son âge ? Il peut m'arriver aussi de douter de ma position sexuelle et de me sentir aliéné par le travail. Dans ces conditions, qui remettent parfois en cause mon identité, la question qui suis-je ? admet-elle une réponse exacte ? Peut-on s'observer soi-même avec l'objectivité qui préside à l'observation d'objets scientifiques ? Ne faut-il pas se méfier des réponses définitives qui tendent à écarter du champ de la réflexion l'interrogation subjective du sujet ? [...]
[...] De la sorte, je est une pensée consciente d'elle-même. Cette réponse, cependant, peut être révoquée en doute par la découverte de certaines pensées, en moi, dont je ne m'explique pas la présence. L'expérience du rêve (ou de la folie) montre non pas que je pense, mais que ça pense en moi, comme le dit Lacan ou encore que je est un autre suivant l'expérience poétique de transformation du monde, de la réalité et de sa réalité, jusqu'à la perte d'identité subjective individualisée, dont Rimbaud a témoigné. [...]
[...] Il est utile, alors, d'essayer de trouver une réponse à la question qui suis-je ? lorsque nous n'existons plus seulement à travers le regard de l'autre, mais que nous essayons de nous détacher de tout ce qui proviendrait de l'extérieur afin de trouver une vérité intérieure. C'est l'expérience que réalise Descartes lorsque, érigeant le doute en méthode dans Discours de la méthode, G.F. Flammarion, pp. 65-66, il conclut qu'il a pu douter de tout, dire que tout était faux, mais pour avancer cela, il fallait nécessairement que moi, qui le pensais, fusse quelque chose Ainsi, son existence intrinsèque est-elle le premier fondement sûr de son identité subjective. [...]
[...] La vérité sur soi-même peut-elle se révéler définitive et absolue ? Nous verrons, dans un premier temps, à quelles conditions on peut poser la question qui suis-je ? Ensuite, l'interrogation portera sur la part d'ombre que notre inconscient projette sur la construction de l'individu. Enfin, nous verrons de quelle manière l'existence se construit à partir d'un questionnement libérateur En premier lieu, nous pensons notre identité sur le plan social puis psychique Nous sommes obligés, dans la vie courante, de nous définir de façon déterminée afin d'occuper une certaine fonction et une certaine place dans la société. [...]
[...] Comme l'écrivait Sartre en 1946, dans l'existentialisme est un humanisme, l'existence précède l'essence et si, en effet, il ne paraît pas exister d'essence de ce que nous sommes en dehors de nos actes, c'est bien qu'aucune réponse au sujet de mon identité ne peut être définitive. C'est en me questionnant que j'ai aussi la possibilité de ne plus être ce que j'ai été et de me projeter dans un avenir différent, porté par l'élan d'un désir nouveau. Conclusion La question qui suis-je ? surgit lorsque nous perdons nos repères identitaires, justement. [...]
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