Michel Foucault a envisagé la question de la médecine sous de multiples aspects et son travail sur la médecine participerait d'une contestation globale de la médecine au cours des années 1960-1970.
En effet, sous le vocable de « médecine », celui-ci analyse successivement et principalement l'institution médicale et ses pratiques (analyse de l'hôpital et de ses fonctions successives), le savoir médical et son discours (notamment, comment se constitue la clinique), mais également ce qu'il désigne comme « la médicalisation », c'est à dire les processus singuliers par lesquels une société à un moment donné de son histoire constitue un objet, une pratique comme relevant du domaine de la médecine. Cependant, ses analyses s'étendent aussi à travers la notion de population, à la notion de santé, voire de bien-être social
[...] Cette stratégie d'enfermement n'est que l'amorce de ce que Michel Foucault nomme la société disciplinaire. A la fermeture des hôpitaux, dénoncés comme contraire à l'idéal de liberté, succède cependant très vite la reconstruction. Les corps médicaux se reforment, et la loi de ventôse an XI[9] fixe le statut de la profession médicale jusqu'à celle de décembre 1892. Les universités se recréent en même temps que le corps exige la consécration du diplôme pour le droit d'exercer ; les hôpitaux retrouvent une partie de leurs biens, même si l'Etat se décharge sur les administrations locales du souci de leur gestion. [...]
[...] Ces nouvelles pratiques se démarquent nettement de celle, traditionnelle, qui avait cours hors institution, et surtout au domicile ou au chevet d'un malade en particulier, soit dans la sphère dite privée : A l'hôpital, le malade est sujet de sa maladie : c'est à dire qu'il s'agit d'un cas ; à la clinique, ou il n'est question que d'exemple, le malade est l'accident de sa maladie, l'objet transitoire dont elle s'est emparée Les institutions sont donc bien de plus en plus le lieu privilégié d'exercice de la pratique médicale. On voit s'y multiplier les observations et les expérimentations cliniques, les recherches et la formation. [...]
[...] Foucault, Les machines à guérir (aux origines de l'hôpital moderne), page 12. M. Foucault, Naissance de la clinique, page 59. M. Foucault, Les machines à guérir (aux origines de l'hôpital moderne), page 13. [...]
[...] - Foucault Michel, Naissance de la clinique, PUF, Paris - Foucault Michel, Les machines à guérir (aux origines de l'hôpital moderne), Mardaga, Bruxelles - Foucault Michel, Dits et écrits, 1954-1988, IV Tomes, Gallimard, Paris - Foucault Michel, Résumé des cours, 1970-1982, Conférences essais et leçons du Collège de France, Julliard, Paris Etudes. - Artières Philippe et Da Silva Emmanuel (sous la direction Michel Foucault et la médecine. Lectures et usages, Kimé, Paris - Deleuze Gilles, Foucault, Les Editions de Minuit, Paris - Eribon Didier, Michel Foucault, Flammarion, Paris - Paugam Guillaume, Naissance(s) de la clinique in Leçons de Foucault, revue Critique, Les Editions de Minuit, Paris M. [...]
[...] Avec celle-ci apparaît également une nouvelle réflexion sur les hôpitaux, structures qui devient contingente à la pratique de cette médecine moderne. Selon Foucault, l'Hôpital Général, ouvert en 1656, est alors un moyen de contrôle d'une population pauvre, qui n'est plus perçue comme la représentation de Dieu sur terre, mais plutôt comme facteur de trouble : les hôpitaux généraux ne sont pas à l'origine des centres de soins, mais des institutions de contention ou de répression (de la mendicité, des désordres sociaux : Institutionnellement, elle était exercée dans le cadre d'organisations (religieuses ou laïque) qui se proposaient à des fins multiples : distribution de nourriture et de vêtements, entretien des enfants abandonnés, dernier abri donné aux vieillards et aux impotents, éducation élémentaire et prosélytisme moral, ouverture d'ateliers et d'ouvroirs, éventuellement surveillance et sanction des éléments ‘instables' ou ‘troubles' (les bureaux des hôpitaux avaient, dans les villes, juridiction sur les vagabonds et les mendiants ; les bureaux de paroisse et les sociétés de charité se donnaient aussi, et très explicitement un rôle de dénonciation de ‘mauvais sujets') Cet enfermement répond donc, non pas à des soucis de politique de santé publique, mais à des facteurs politico-économiques : pendant les périodes de crise, les sans-travail et les vagabonds sont parqués dans les maisons de correction. [...]
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