Enjeu philosophique, littérature, cinéma, Gilles Deleuze, Hegel, concept d'expérience, empirisme transcendantal, Hume, Critique et clinique
Traité par de nombreux philosophes pour questionner de manière transversale les questions de la vérité, du réel, de la connaissance notamment, le concept d'expérience se prête à une analyse riche dès lors qu'on l'aborde dans le cadre des arts. C'est notamment ce qu'a fait Gilles Deleuze en traitant abondamment du cinéma et de la littérature.
[...] C'est cette démarche qu'il nomme l'« empirisme transcendantal » en soulignant que cette dimension cachée de l'expérience avait déjà été mise en évidence par Kant. Néanmoins, la pensée de Deleuze tient son originalité de la confrontation qu'il fait de Kant et de Bergson et qui lui permet de ne pas se limiter à la possibilité de l'expérience, mais aux possibilités illimitées de l'expérience réelle. Partant, le concept d'expérience tel qu'il est formalisé par Deleuze ne peut se comprendre sans plonger dans la considération transcendantale qu'il a de la notion de jugement, notamment au travers de sa lecture critique de Kant. [...]
[...] L'incommensurabilité (sublime mathématique) et l'ineffable (sublime dynamique) se mêlent pour fonder une expérience qui se place au-delà de l'imagination et que, pour autant, le spectateur arrive à dominer. Le cinéma offre ainsi un cadre dans lequel le virtuel se fait jour de manière éclatante, c'est-à-dire un cadre dans lequel la logique est reléguée au second plan derrière les pensées inhumaines, irrationnelles. Pour Deleuze, le cinéma est ainsi, au même titre que la littérature, ce qui permet aux hommes de penser l'impensable et de réconcilier l'actuel, le réel et le virtuel. [...]
[...] La littérature et le cinéma comme marqueurs de la philosophie de Deleuze Au-delà de l'aspect empirique du cinéma et de la littérature comme illustrations du concept d'empirisme transcendantal, il convient de considérer la littérature et le cinéma comme des marqueurs dans la philosophie deleuzienne, dans le sens où il les utilise tant du point de vue de la forme que du fond. En effet, par un effet miroir, Deleuze considère que la philosophie, dans sa forme, doit emprunter aux codes de la littérature : elle est proche de la science-fiction car on écrit, en philosophie, sur ce qu'on ne sait pas, sur un futur imprévisible et qu'on ne peut réduire au présent, elle peut fonctionner comme un roman policier, utilisant des indices qui, combinés, concurrent à la résolution d'une énigme ; elle lui ressemble aussi par son côté cruel et son attirance pour les drames et les points d'aspérité. [...]
[...] L'écriture et la lecture sont ainsi une invitation à reconsidérer la philosophie non plus comme l'acte de réfléchir mais comme l'acte d'expérimenter. Cette position est néanmoins nuancée par Deleuze en raison des problèmes d'interprétation que pose l'analyse des signes. C'est sur cette base qu'il distinguera les deux faces nécessaires de l'expérimentation : clinique (s'ouvrir aux signes), critique (penser de manière différente à partir des signes). Concernant le cinéma, c'est au travers de deux ouvrages qu'on perçoit la vision philosophique qu'a Gilles Deleuze de cet art : L'image-temps et L'image-mouvement. [...]
[...] Ainsi, il convient de s'interroger sur la place que tiennent la littérature et le cinéma dans la pensée de ce philosophe et, partant, sur les principaux enjeux philosophiques que met en évidence l'expérience de la littérature et du cinéma telle qu'elle est traitée par Deleuze. Pour ce faire, cet écrit explorera dans un premier temps les dimensions de l'expérience dans la pensée deleuzienne afin de mettre en évidence les notions qui lui sont concomitantes ; il positionnera ensuite le cinéma et la littérature comme illustration de l'« empirisme transcendantal » de Deleuze avant de considérer ces deux champs artistiques comme des marqueurs de forme et de fond du travail du philosophe. [...]
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