L'adage dit que l'homme est “un animal social”. Lui et les animaux sont réunis en groupes, plus ou moins grands, qui se réunissent plus ou moins souvent, y compris si l'on considère les animaux les plus solitaires et leurs périodes de reproductions les plus rares qui aboutissent aux couples les plus longs. Les perruches par exemple vivent en communauté au sein desquels seule la mort sépare les amants, et les léopards ne s'accouplent qu'une fois par an. Toujours est-il qu'il y a systématiquement rencontre entre les individus, si lentement soit-elle régulée, et accueil en territoire-propre. Le monde du vivant et ses lois de multiplication et de protection-propriétés régit également les comportements humains. Tout semble partir de là, et se décliner en différentes lois et conflits d'intérêts selon les espèces. Pour l'Homme il semble y avoir des invariants de temps et de lieux. Le “bon sauvage” de Rousseau représente le début du social humain.
[...] Parfois la religion fait Etat, parfois le gouvernement fait secte. Clairement, quand l'ensemble des individus se multiplie, le rapport à la loi diffère. S'il est plus simple pour le chef de tribu d'être clair à ses propre yeux, homogène, constant, que ça ne l'est pour les tribunaux d'un Etat les uns entre/avec les autres, il est également plus compliqué pour lui de se faire la fonction qui sanctionne que ça ne l'est pour les tribunaux les uns entre/avec les autres. [...]
[...] Les rapports de réseaux personnels, de financement, d'intérêts sociaux tissent une politique qui influence les verdicts. L'argent ne peut aller partout, et les alliances sont auto-conservatrices. Pour cette raison, celui qui sort de nulle part et souhaite ouvrir un petit commerce sûr pour effacer les dettes de son héritage a moins de chances d'obtenir son prêt que le promoteur immobilier frère du banquier qui investira l'argent disponible pour les prêts dans un compte commun. Le premier rapport à son identité limite détermine en partie ses mouvements, il est "assigné à différence" comme le dit Levinas. [...]
[...] Une loi demeure qui donne sa teinte subversive à la notion d'humanité : celle de la justice. La justice faite par le monde animal est celle de la prédation. Celle de l'Homme essaie également de s'organiser autour de la morale, en tribunal. Mais Sapiens avec la technique a créé les armes. Puis en bon sauvage, chacun étant toujours inquiet de la possible supériorité de son voisin, Sapiens a encadré le meurtre par les lois, lesquelles doivent appliquer une justice au départ de la morale. [...]
[...] À travers le temps deux cartes semblent motiver tous les niveaux d'alliances, influences, establishment, contournement, propriété, convoitise, appropriation et nouvel ordre : la religion et l'argent. Voltaire nous dit aussi que "quand il s'agit d'argent, tout le monde est de la même religion". Michéa, donne en mille le problème posé par l'argent et le libéralisme qui accorde tout ce que la loi autorise, et ce qu'en revanche la morale questionne : de quel côté sommes-nous "quand Lady Gaga rencontre un musulman d'Indonésie" ? L'on voit ici que la notion de justice, vacille ou se polysémise largement dans un monde économique. [...]
[...] Pourquoi alors se maintenir dans des situations inconfortables ? René Kaes, psychanalyste, nous dit que chacun a besoin d'être quelque part sur le tableau social, par rapport à une conscience subjective des positions des autres. C'est le besoin d'assignation. Ce qui inquiète le sujet quant à se dégager d'une place inconfortable, c'est l'angoisse de ne pas retrouver de place, l'angoisse de non assignation, et celle de se retrouver à une place indésirée, l'angoisse d'assignation. Pris entre ces fantasmes surréalistes, il faut donc faire l'expérience du mouvement, pour être à la convergence du moins d'injustices à venir, s'il est possible de se défaire des inégalités entre lesquelles on s'emmure. [...]
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