Michel de Montaigne (1533-1592) est l'auteur des Essais, œuvre divisée en trois livres et dont la qualification du genre est donnée dans le titre même. Chaque livre regroupe des sujets divers auxquels l'esprit de l'auteur s'est « essayé », c'est-à-dire, s'est occupé afin de mieux l'appréhender. S'étant retiré de la vie publique, Montaigne laisse libre cours à son esprit et à son imagination afin de transcrire par la suite ses réflexions sur des sujets arbitrairement choisis tels que : le cannibalisme, les loisirs, l'éducation ou les usages communs dans le chapitre intitulé « De la coutume et de ne changer aisément une loi reçue ». Dans ce chapitre, Montaigne oppose le spirituel au pragmatisme, la raison à la force, le visible à l'invisible. Plus précisément dans l'extrait étudié « Quant aux choses (…) .» (pp165-161), il traite du politiquement correct des vêtements et confirme le proverbe « L'habit ne fait pas le moine. » Cela pousse le lecteur à s'interroger sur le bien fondé des lois reçues, et surtout sur le point de vue de Montaigne, qui critique sans remettre en cause. Selon Montaigne, pourquoi est-il nécessaire de se plier aux lois et à l'usage commun ? Le devoir se compose de trois parties développant successivement le paradoxe concernant les apparences, puis la sagesse des Anciens, et enfin, la complexité de l'esprit humain mise à jour par Montaigne.
[...] Par la suite, le verbe détourner est utilisé par Montaigne : Ces considérations ne détournent pourtant pas un homme d'entendement de suivre le style commun La volonté de bien paraître en public devient une préoccupation et est susceptible d'accaparer l'esprit d'attentions inutiles. La mention d' homme d'entendement montre que Montaigne distingue les hommes sages des autres hommes. Par conséquent, le lecteur des Essais prend conscience du fait, même si les intentions de l'auteur ne sont pas d'influencer les actes du lecteur mais seulement de lui en rendre compte. [...]
[...] Le devoir se compose de trois parties développant successivement le paradoxe concernant les apparences, puis la sagesse des Anciens, et enfin, la complexité de l'esprit humain mise à jour par Montaigne. Les Essais de Michel de Montaigne sont basés sur l'errance de l'esprit lorsqu'il n'est pas occupé. Le fait que l'auteur n'ait pas l'intention de publier son œuvre lui procure une grande liberté d'écriture car l'allège du poids de la pression des écrivains publiés. En effet, Montaigne n'a pas eu de contrainte au sujet du contenu des livres ou des attentes du public, c'est pourquoi l'enchaînement des propos peut sembler au premier abord chaotique, désordonné et paradoxal. [...]
[...] Le chapitre De la coutume et de ne changer aisément une loi reçue fait allusion à la mort exemplaire du philosophe grec : comme ce bon et grand Socrate refusa de sauver sa vie par la désobéissance du magistrat La mort de Socrate est perçue comme un sacrifice pour le bien de la philosophie et de la vertu, et l'une des devises de Socrate est la vertu est la science du bien. Criton de Platon est une retranscription d'une conversation entre Socrate et un de ses disciples, Criton, qui tentait de convaincre son maître de s'évader. [...]
[...] Nous sommes tous contraints et amoncelés en nous, et avons la vue raccourcie à la longueur de notre nez. Le but premier de Montaigne n'est pas de faire la morale, mais de trouver des causes possibles au comportement des hommes, et ce qui semble être responsable de leur perdition est l'éducation uniformiste et les sens trompeurs. Le dialogisme met en scène plusieurs types d'actants : le je représentant Montaigne, il ou elle représentant la personne citée, on ou nous représentant les hommes en général, et donc Montaigne même. [...]
[...] Le dialogue ne se résume pas uniquement à l'auteur et au lecteur, mais également à Montaigne avec lui-même. L'humanisme, la sagesse et cette volonté de se rapprocher de la réalité et de la vérité différencient l'écrivain des hommes ordinaires. A travers les Essais, Montaigne nous livre un support de réflexion personnel où le lecteur est libre d'adhérer à la pensée de l'auteur et donc de choisir entre être un lecteur passif ou actif. Le chapitre étudié est une sorte d'échantillon de la démarche de l'écrivain, qui tente de comprendre l'Homme avec ses contradictions, les sources de ces contradictions, l'origine des choses, ses peurs, ses aspirations. [...]
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