L'Art est une notion philosophique clé, l'Art fascine dans ce qu'il est difficile de le définir véritablement, il attire, il intrigue. L'Art suscite de grands mouvements : ce sont chaque jour des milliers d'entrées dans les musées. L'Art suscite aussi des milliers d'œuvres, quel que soit le domaine auquel elles appartiennent : littérature, arts plastiques, peinture, musique, sculpture … L'Art croît, il se développe continuellement, et s'abstient pourtant de définition concrète. On peut toutefois se demander, comme l'a fait le philosophe américain Nelson Goodman, « quand y a-t-il Art ? ». Il semble en effet plus juste de se poser cette question plutôt que de chercher à définir l'Art même.
[...] Ne se limiterait-il pas à être une belle œuvre sans pour autant relever du domaine artistique ? Le Beau ne devient Art qu'en présence d'un spectateur. Pour qu'il y ait Art, il y a donc des conditions, l'œuvre seule n'est pas suffisante. Deux autres conditions s'ajoutent à la nécessité d'avoir au moins un spectateur : il faut y additionner un représenté et un représentant. En effet, le représenter, c'est-à-dire l'objet, le sujet de l'œuvre, est ce sur quoi se basera le Beau. [...]
[...] Le spectateur est celui qui, de ces deux conditions, ajoute un intérêt à l'œuvre créée et faite d'elle qu'elle relève de l'Art. Ce triptyque représenté-représentant-spectateur est nécessaire à faire de l'Art. Toutefois, l'opinion suggère de plus la nécessité de Beauté pour faire qu'une œuvre relève de l'Art. Or, qui décide de ce qui est beau ? Qui décider de ce qui peut potentiellement devenir Art ? Comment un œuvre peut-elle être acceptée de tous, ou du moins du plus grand nombre, jusqu'à devenir Art ? L'idée d'Art est très souvent liée à la notoriété de son créateur. [...]
[...] C'est le cas du monochrome de Klein qui, ne représentant aucun objet réel, concret, n'appartient à aucune époque, ne s'inscrit dans aucun temps. Ainsi, l'Art réside dans des conditions. Il perdure par la beauté ou la réflexion qu'il suscite. Il perdure par son intemporalité. Mais peut- être l'art perdure-t-il aussi grâce à sa part d'incompréhensible qu'il comporte, grâce à ce qu'il a d'insaisissable. La question que pose Nelson Goodman est donc très vaste, l'Art est extrêmement complexe à définir, de même que les situations où il y a Art. [...]
[...] De telles représentations poussent à réfléchir. Or, le surréalisme fascine, comme d'autres courants d'ailleurs, par la réflexion qu'il entraîne. De ce cas précis, l'Art est Art dans ce qu'il fait réfléchir, et d'autant plus lorsqu'il offre de multiples interprétations possibles, c'est-à-dire lorsqu'il ne se fixe pas dans un temps, mais s'y adapte et trouve une interprétation différente à chaque époque traversée. A ce titre, André Malraux dit dans La Métamorphose des dieux : Une œuvre surgit dans son temps et de son temps, mais elle n'est œuvre d'art que par ce qui lui échappe lui renvoyant au temps). [...]
[...] Ainsi, peut-être serait-il possible de faire de l'art qui ne soit pas beau, qui ne soit Art que par décret d'une tierce personne. C'est sur ce principe que se base le concept du ready-made ou des objets courants détournés. Marcel Duchamp appartient à ce courant-ci, visant à faire qu'un objet usuel soit promu à la dignité d'œuvre d'art par le simple choix de l'artiste. Il s'est ainsi rendu célèbre grâce à son Urinoir retourné. D'autres artistes surréalistes ont suivi cette lignée de sorte que l'art surréaliste ne recherche plus le beau au sens antique du terme (c'est- à-dire le beau moral), mais il cherche à faire réfléchir. [...]
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