En grec "philosophos" signifie "ami de la sagesse" comme savoir théorique et pratique. Le philosophe recherche donc une manière raisonnable de vivre et il le fait en réfléchissant sur l'homme et le monde. Il a des doutes, des interrogations, mais aussi une thèse, un raisonnement, qui nous interrogent à notre tour. Dans un texte philosophique portant sur les notions de liberté, de conscience, Emmanuel Kant soutient la thèse qu'accéder aux Lumières, permet à l'homme de parvenir à penser par lui-même dans la mesure où il parvient à la majorité de l'esprit.
Il s'interroge sur le problème de savoir que faire pour que le maximum de personnes accèdent aux Lumières car il constate que rares sont les personnes qui vont faire l'effort de penser par eux-mêmes. En effet, pour accéder aux Lumières, qui faut-il convaincre : l'individu ou bien le tuteur qui n'est pas toujours identifiable et qui n'a pas envie de perdre sa tutelle ? Et qu'en est-il de l'Etat ? Peut-il ne pas se sentir menacé par le libre exercice du jugement ? (...)
[...] Il ne m'est pas nécessaire de penser pourvu que je puisse payer; d'autres se chargeront bien de cette ennuyeuse besogne. Les tuteurs, qui se sont très aimablement chargés d'exercer sur eux leur haute direction, ne manquent pas de faire que les hommes, de loin les plus nombreux (avec le beau sexe tout entier), tiennent pour très dangereux le pas vers la majorité, qui est déjà en lui-même pénible. Après avoir abêti leur bétail et avoir soigneusement pris garde de ne pas permettre à ces tranquilles créatures d'oser faire le moindre pas hors du chariot où ils les ont enfermées, ils leur montrent le danger qui les menace si elles essaient de marcher seules. [...]
[...] En quelque sorte, Kant fait de ces rares hommes pensants, les vecteurs de la propagation des Lumières. Mais de quel type de liberté relève le droit d'éclairer un public? Par la notion de liberté» il faut ici comprendre qu'il est question de liberté extérieure, autrement dit de liberté civile, dans une optique politique qui institue la liberté comme droit, comme pouvoir pour l'individu d'agir à sa guise dans la limite des lois et cela sans nuire à autrui. En effet, la liberté d'éclairer un public, pour propager les Lumières est ici associée à la liberté de faire un usage public de sa propre raison dans tous les domaines ; cette liberté extérieure étant valable tant que la société ne l'interdit pas. [...]
[...] En effet, ces deux apprentissages possèdent des caractères communs. Tant pour l'un que pour l'autre, ils présentent une certaine philosophie de la liberté qui requiert un apprentissage par le risque chutes et l'expérience dans la mesure où ce n'est qu'à force d'essais, de volonté malgré des déceptions, qu'on y parviendra car ce n'est pas inné: à sa naissance l'homme ne sait pas marcher et tous lés hommes ne savent pas penser par eux-mêmes. De plus, la référence à la marche n'est pas sans rappeler les premiers pas d'un enfant. [...]
[...] Il est donc difficile pour chaque homme pris individuellement de s'arracher à la minorité, qui est presque devenue pour lui une nature. [ ] Mais qu'un public s'éclaire lui-même, voilà qui, au contraire, est possible; c'est même presque inévitable pourvu qu'on lui en laisse la liberté. Alors, en effet, il se trouvera toujours, même parmi les tuteurs attitrés de la grande masse, quelques hommes pensant par eux-mêmes, qui, après avoir eux-mêmes secoué le joug de la minorité, répandront autour d'eux le sens d'une appréciation de sa propre valeur et de la vocation de chaque homme à penser par soi-même. [...]
[...] Kant élabore ensuite une argumentation pour défendre l'idée selon laquelle les tuteurs ne font pas preuve de justice. En effet, il use de l'ironie en ce qui les concerne, en procédant par hyperboles «très aimablement»; il en utilise également pour montrer à quel point les tuteurs dramatisent les événements pour effrayer les mineurs qu'ils ont à leur charge très dangereux», «danger», «les menace». Comme les tuteurs exagèrent, ne font pas preuve d'objectivité, c'est l'illusoire qui est mis en avant: les tuteurs défigurent la réalité, ils veulent tromper par une fausse apparence les individus dont ils ont la charge puisqu'ils s inquiètent les mineurs qui veulent s'émanciper, ils leur font croire que cela présente un péril de penser par soi-même . [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture