Au premier abord, la réponse à la question « Puis-je ne pas savoir qui je suis ? » semble évidente : non, je ne peux pas ne pas savoir qui je suis. À moins d'être fou, tout le monde sait qui il est. Toutefois, nous nous sommes presque tous posé au moins une fois dans notre vie la question « Qui suis-je ? », et nous avons même souvent éprouvé de la difficulté à y répondre. Cela peut par exemple arriver après un rêve qui semblait particulièrement réel, ou lors d'une remise en question, d'une crise existentielle que nous subissons régulièrement dans notre vie. Il convient donc de se demander jusqu'où s'étend la connaissance de qui je suis, et puis-je ne pas être ce que j'ai conscience d'être ?
[...] Or, ce n'est pas pour autant que je ne suis plus ce que j'étais. Ainsi, qui je suis n'est pas seulement mon identité administrative, je peux définir mon moi par l'ensemble de mes caractéristiques physiques et psychologiques. Je suis une jeune fille fine et grande, aux traits asiatiques, intelligents, blablabla, mais blablabla, qui aime blablabla et qui déteste blablabla. L'ensemble de toutes ces caractéristiques fait de moi un être unique, qui peut ressembler, mais ne peut être exactement similaire à aucun autre. [...]
[...] Il semble donc exister en moi une partie inconsciente que je ne connais pas, uniquement régi par les désirs. Mais alors peut-on connaître notre inconscient ? L'inconscient, par définition, ne peut être saisi par la conscience, et n'est donc pas accessible à l'observation. Toutefois, les symptômes, les actes manqués, le rêve sont des conséquences de notre inconscient. Nous pouvons donc essayer de les analyser, pour tenter de percer le mystère de notre inconscient. C'est ce que Freud va faire avec la psychanalyse. [...]
[...] Ainsi, il semblerait que la conscience nous permette de nous connaître, de savoir qui nous sommes, mais suis-je vraiment ce que j'ai conscience d'être ? Lorsque je regarde à l'intérieur de moi-même, par introspection, je peux accéder à une certaine connaissance de mes sentiments, de mes qualités et de mes défauts, de mes motivations et de mes convictions, mais il paraît difficile par ce moyen d'avoir une connaissance objective de moi-même: la connaissance que je peux avoir de moi par introspection passe à travers le filtre de l'opinion que je me fais de moi. [...]
[...] En effet, malgré mon unicité, je suis également un être changeant. Mes opinions, ma façon de penser et ma façon d'être peuvent à tout moment changer suivant l'environnement dans lequel je suis ou les expériences que j'ai acquises. Dans cette optique, si de ma naissance jusqu'à ma mort, tous mes traits physiques et toutes mes idées ne cessent de changer et d'évoluer, cela signifie-t-il aussi que je ne peux jamais savoir qui je suis? Selon Locke, l'identité personnelle est fondée sur la continuité de la conscience dans le temps, et cette conscience constitue l'identité qui, au moyen de la mémoire, se maintient dans le temps et nous permet de nous reconnaître nous-mêmes comme étant les mêmes. [...]
[...] De plus, notre inconscient semble avoir un impact direct sur notre être. On peut le voir par exemple chez une patiente de Freud, Élisabeth. Elle souffrait de douleurs aux jambes sans raison apparente, que Freud attribue à des causes sexuelles. Amoureuse de son beau- frère sans en être consciente, sa sœur décède. Comment pouvait-elle assumer son désir ? La seule solution, au niveau inconscient, n'était-elle pas de refouler ce désir ? Élisabeth ne pouvait prendre conscience de son désir, puisqu'il s'opposait à ses principes moraux. [...]
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