Le sujet oppose deux concepts : moi à autrui. On ne doit pas confondre ce qu'évoque le terme « autrui » avec ce que l'on nomme plus trivialement « l'autre ». Les deux termes renvoient à l'existence d'une altérité, d'ailleurs difficile à définir : pour les Grecs, les autres (non Grecs) ne sont que des « barbares », considérés comme non humains. Mais l'altérité caractérise aussi bien, par rapport à un sujet donné : moi, l'animal que l'autre homme. Ce dernier peut m'apparaître comme autrui, pas l'animal.
Le sujet nous interroge sur la capacité, technique ou morale, que j'ai de me mettre à la place d'autrui. Cette formulation indique que c'est une démarche volontaire, quelque chose à acquérir ; il n'est pas donné d'avance de reconnaître autrui, sa place, voire de lui accorder une valeur. Est-ce que la place d'autrui représente un intérêt, positif ou négatif, qui me donnerait l'envie ou la volonté de la connaître, de m'en rapprocher, voire de m'y identifier ? Est-ce qu'autrui me fait exister suffisamment pour que sa place et sa vie aient un sens et un intérêt pour moi ?
[...] Bibliographie indicative Autrui. De Frédérique Ildefonse et Guy Palayret, éditions Sedes Impasses et authencité de la relation à autrui. Thèse de philosophie de Maryse Lescout, sous la direction de Jean-Marc Gabaude, université de Toulouse Leçon de philosophie sur autrui. Par Frédéric Laupies, aux Presses universitaires de France, 1999. [...]
[...] Se mettre à la place d'autrui c'est toujours chercher à mieux se connaître soi-même. C'est pourquoi nous pouvons affirmer que ces mots ne forment qu'une expression, un usage du langage, qui ne porte pas de véritable valeur en soi puisque l'empathie désirée n'est pas toujours évidente, et souvent détournée à des fins égoïstes (bien qu'inconsciemment), et peut aussi, dans le cas de la dictature du on nous mener à notre propre perte. Finalement, l'expression se mettre à la place d'autrui exprime, dans une sorte d'insatisfaction chronique vis-à-vis de soi-même, cette recherche permanente de comprendre et d'être l'autre. [...]
[...] Je proclame que je suis la seule personne qui existe ! Cette théorie rigoureuse mais tout à la fois délirante mène à la négation d'autrui, tout rapport avec lui est donc impensable. Penser l'autre dans une différence absolue, c'est s'interdire tout échange avec lui ; mais ici, autrui n'est même pas envisagé, il n'existe tout simplement pas. Ainsi, nous avons vu que tout rapport à l'autre, tout échange semble impossible en raison du fait que le moi est une conscience solitaire, amenée à douter de l'existence de tout ce qui n'est pas elle, et donc d'autrui. [...]
[...] Puis-je me mettre à la place d'autrui ? Le sujet oppose deux concepts : moi à autrui. On ne doit pas confondre ce qu'évoque le terme autrui avec ce que l'on nomme plus trivialement l'autre Les deux termes renvoient à l'existence d'une altérité, d'ailleurs difficile à définir : pour les Grecs, les autres (non Grecs) ne sont que des barbares considérés comme non humains. Mais l'altérité caractérise aussi bien, par rapport à un sujet donné : moi, l'animal que l'autre homme. [...]
[...] Ma conscience est la seule dont j'ai directement une expérience inébranlable. Tout le reste n'est qu'objet pour moi, un spectacle distant pour le spectateur qu'est ma conscience. La conscience de soi que pose, au terme du doute, le cogito de Descartes détermine donc une vérité première, mais elle semble enfermer le sujet dans la solitude : l'existence d'autrui est incertaine. Elle ne sera découverte que plus tard, par une démarche qui assurera la conscience de la vérité de ses représentations. [...]
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