Puis-je juger la culture à laquelle j'appartiens ? Quelle est la légitimité d'un tel jugement, puisqu'il pourrait sembler que je doive absolument tout ce qui me constitue, et donc aussi mon esprit critique, à la culture à laquelle j'appartiens ? Mais surtout comment pourrais-je juger de manière objective ce qui fait partie de moi ? Aussi ne paraît-il pas impossible, que ce soit pour la décrire objectivement ou pour en déterminer la valeur de juger de sa propre culture ?
Mais dans ce cas, cela revient-il à dire que nous sommes enfermées définitivement entre les murs des idéologies et valeurs et, plus grave, des préjugés et des errances contingentes de notre époque et de notre lieu de naissance ? Cela semblerait aller contre tout ce que nous enseigne l'histoire des cultures qui constamment entrent en relation, sont dans un métissage perpétuel de ce qui les constitue. Comment cet échange serait-il possible si les sujets n'étaient pas capables de prendre le moindre recul par rapport à leur propre culture ?
[...] Il semble donc impossible en fait comme en droit de juger la culture à laquelle j'appartiens et les tentatives pour le faire pourraient apparaître comme totalement illusoires. Cependant, doit-on dès lors affirmer que nous sommes enfermés à tout jamais dans les cadres de notre culture d'origine ? En réalité cette dernière affirmation, qui semble certes être la conséquence logique des difficultés que nous avons évoquées, se heurte à une réalité tout autre. S'il est indéniable que le jugement porté sur sa propre culture est problématique, dans les faits il serait bien inconséquent de maintenir l'idée que chaque culture est hermétiquement close sur elle-même. [...]
[...] Qui plus est, ne suis-je pas redevable à ma culture de ce que je suis ? C'est d'une certaine manière ce que développe Socrate dans le Criton de Platon. S'il refuse de s'échapper alors qu'il est l'objet d'une condamnation injuste c'est qu'il ne peut se placer au-dessus, et agir contre les lois et la culture auxquelles il est redevable de ce qu'il est, il préfère accepter la condamnation que renier ses principes, et il mourra donc en buvant la cigüe. [...]
[...] Pour juger une culture on doit donc fixer des points sur lesquels on la juge, il est dur de comparer deux civilisations. Une en effet peut surpasser l'autre sur des points précis, comme les esquimaux surpassent les Européens sur leur capacité à survivre en milieu hostile mais sur d'autres points ce sera l'inverse. Dans le film Pocahontas on observe qu'il n'y a pas de culture supérieure contrairement aux idées reçues, en effet les Indiens sont persécutés par les Anglais, mais sans eux, ou plutôt sans Pocahontas John Smith aurait pu mourir de nombreuses fois. [...]
[...] Qui est réellement barbare ? Les plus grands génocides ont été effectués par des peuples qui se revendiquaient civilisés, ainsi les Indiens en Amérique ont été massacrés par les Européens, les nazis ont assassiné plus de six millions de juifs. Ces génocides ont été réalisés à l'aide de moyens techniques, en Amérique les Européens détenaient l'arme à feu contrairement aux Indiens et les nazis ont utilisé la mort par asphyxie grâce aux techniques du gaz. Mais en réalité qu'est-ce qui nous permet de comprendre la relativité de ses valeurs et de prendre du recul par rapport à tout ce qu'on lui a inculqué ? [...]
[...] Les mœurs et la culture de l'étranger sont tellement éloignées des nôtres qu'elles nous semblent à peine mériter le nom d'humaines. Combien de fois dans l'histoire de part et d'autre de l'océan a-t-on mis en doute l'humanité de ceux dont la culture était différente ? L'ethnocentrisme naît certes de la difficulté à porter un jugement objectif sur sa propre culture mais il peut sortir renforcé d'une confrontation à ce qui est différent de soi. Le barbare c'est l'autre, celui qui ne parle pas comme un être humain, ou encore c'est le sauvage celui qui vit dans la forêt comme les animaux. [...]
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