Il est certain – et accepté par tous – que nous rêvons pendant notre sommeil. Que ce soit toutes les nuits ou pas, nous pouvons nous assurer de cette expérience en écoutant les témoignages d'autrui et en retrouvant dans leurs dires les mêmes sensations et des images ou sentiments similaires. Même si l'on ne sait pas encore quel rôle précis jouent ces images mentales dans notre nature biologique ou psychique, il a été affirmé par de nombreux scientifiques qu'elles sont nécessaires à la bonne santé de notre être. Certains, comme Freud, leur attribuent une fonction d'assouvissement de nos désirs les plus cachés, d'autres en font les « machines à ordonner » nos souvenirs et émotions quotidiennes.
Si nous savons que nous rêvons, il semble évident que nous sachions également que nous sommes éveillés et conscients. Mais pourtant, parfois, il nous arrive de nous demander si nous ne serions pas en train de rêver. Les gens prononcent régulièrement des phrases telles que : « Je suis en train de vivre un cauchemar [un mauvais rêve dans la pensée commune] ! » ou « Mais réveille-toi, tout ceci ne peut pas être vrai… ». Aussi derrière ces mots, une question sur la certitude de cette veille consciente se pose, en somme, puis-je être sûr que je ne rêve pas ? Puis-je m'assurer que ce que je pense être la réalité n'est pas en fait un rêve qui m'éblouirait ?
[...] On pourra d'ailleurs remarquer que l'on vit une scène sans forcément comprendre ce qui nous a amenés à y être. C'est tout le contraire qui se passe dans le réel, puisque tout ce que l'on fait peut se replacer dans un contexte précis, et on peut analyser avec plus ou moins de détails les circonstances (avec leur place dans le temps) qui nous y ont conduits ; et de même, on peut tenter de prévoir les conséquences de cet acte dans le futur, avec des échéances plus ou moins longues. [...]
[...] Ce lieu nous entoure tant que l'on ne le quitte pas, et il reste le seul qui nous abrite au moment présent. Cela veut dire qu'on ne peut pas se trouver à deux endroits simultanément : que ce soit notre personne toute entière, le corps et l'esprit ne faisant qu'un, parce que l'on ne peut pas se multiplier ou notre corps et notre esprit séparés, car ils sont toujours dans la réalité une unité forte. Dans le rêve, cette unité de lieu n'est pas toujours respectée ; en effet, il est possible de se retrouver dans un endroit clairement identifiable, mais pourtant, on est capable de ressentir des impressions suffisamment fortes pour nous laisser croire que nous sommes aussi dans un autre lieu, et ce en même temps. [...]
[...] Puis je m'éveillais étant Tchaong-Tseu. Mais suis-je bien le philosophe Tchaong-Tseu qui se souvient d'avoir rêvé qu'il fut papillon, ou suis-je un papillon qui rêve maintenant qu'il est le philosophe Tchaong-Tseu ? Ainsi, il affirme exister en utilisant le verbe être mais il pose un doute sur sa vraie nature. Deux formes se sont mêlées à son esprit, celle de l'humain et celle du papillon. Ainsi, il pense d'abord être un homme qui aurait rêvé qu'il était papillon, mais cependant il n'en est pas sûr. [...]
[...] Ainsi tout ce qui passerait dans nos rêves ne serait que des voies supplémentaires à notre développement. Chez les artistes romantiques, le rêve est aussi un moyen très efficace de créer de nouvelles choses, car même si le rêve utilise des objets ou moyens de penser qui existent déjà, il les superpose d'une manière parfois novatrice. C'est alors une aubaine pour les peintres, sculpteurs et autres plasticiens de laisser libre cours à leur imagination comme on dit, à savoir la part de rêve qui les habite en permanence. [...]
[...] Il y a donc un problème de maintien de l'espace qui peut intervenir dans le rêve. On peut associer cette idée avec un lieu de notre enfance qui resterait le même en tout point dans un rêve, alors que l'on n'y est pas retourné depuis des années, et donc que le temps aurait dû le modifier. Ainsi, l'espace ne semble pas être aussi stable dans le rêve que dans la réalité. Quand il ne régit pas aux lois physiques immuables, alors c'est que l'on peut affirmer que l'on rêve, mais quand il semble que tout soit conforme à ces mêmes règles, alors on peut postuler l'idée que l'on est bel et bien réveillé (attention on ne peut pas encore l'affirmer comme certitude). [...]
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