Qui veut convaincre croit pouvoir y parvenir par l'usage de la formule apparemment tautologique : « C'est vrai, j'en suis certain ! ». En effet la vérité est une proposition dont la correspondance avec la réalité dont on prétend rendre compte (décrire et/ou expliquer) implique l'absence de doute. Descartes ne disait-il pas qu'il fallait considérer toute proposition douteuse comme fausse, dès lors qu'elle pouvait nous séduire ou nous influencer malgré nous ? La vérité n'est-elle donc pas certaine par définition ?
[...] L'affirmation de sa conviction personnelle peut sembler valoir comme une vérité prouvée. Or il n'en est objectivement rien : une croyance sociale officielle peut- être une illusion collective (ex : la théorie de l'immobilité de la terre au centre du monde) et une vérité même prouvée objectivement par l'expérience scientifique peut aller à l'encontre des expériences sensibles universelles (ex : la terre tourne autour du soleil). Il n'y a donc d'autre manière de transmettre une vérité objective que de la prouver à ceux à qui on s'adresse, de les convaincre par les moyens de la logique et de l'expérience. [...]
[...] La vérité métaphysique même apparemment rationnelle (voir Descartes) est une illusion transcendantale : l'esprit prétend tenir pour réel ce qu'il pense comme possible, selon ses propres concepts, qui, en dehors de l'expérience sont vides de tout contenu de réalité. C'est pourquoi celui qui affirme : C'est vrai, j'en suis certain ! ne fait, sans même s'en rendre compte, qu'avouer qu'il ne sait pas vraiment ce qu'il affirme. L'impératif freudien Wo Es war, soll Ich werden (là où c'était, je dois advenir - prescrit, dit Lacan, le chemin vers la vérité. [...]
[...] Apparaît-elle dans le symptôme ? La vérité, c'est la dimension essentielle de l'expérience psychanalytique autant que celle-ci n'a autre fondement que la parole (Lacan). Selon lui, la vérité des symptômes névrotiques, c'est d'avoir la vérité comme cause. Freud écrit que la relation psychanalytique est fondée sur l'amour de la vérité, c'est-à-dire la reconnaissance de la réalité Heidegger avait montré comment la vérité, à l'origine, était devenu, après Platon, adequatio rei et intellectus, et il a souligné l'importance prise du même coup par le regard qui constate cette adéquation et par l'idéal qui la garantie. [...]
[...] N'est pas dans l'illusion celui qui affirme qu'une croyance ou conviction personnelle est objectivement douteuse et est dans l'illusion celui qui est persuadé et veut persuader les autres qu'il s'agit d'une vérité pour lui et les autres. Persuader, c'est faire appel à la confiance de l'interlocuteur pour l'influencer sans qu'il puisse douter de la sincérité et de l'honnêteté du locuteur, sauf à s'en faire un ennemi potentiel. Dire C'est vrai, j'en suis certain ! c'est donc mettre l'autre au défit de contester ce que l'on dit et/ou pense sans prendre le risque d'un conflit dommageable pour les deux personnes c'est à dire de la qualité non-violente de leur relation. [...]
[...] Mais faut-il écarter toute idée de certitude comme marque de la vérité ? Descartes ne cherchait-il pas la certitude par l'emploi du doute méthodique afin de parvenir à des vérités rationnelles indubitables et donc objectivement certaines ? Une Vérité incertaine est-elle encore une vérité ? Ne faut-il pas distinguer la certitude subjective et la certitude objective pour penser l'exigence de vérité (correspondance entre ce que l'on pense, (pro)pose et ce dont on parle (la réalité) ? Cette question sommes-nous du côté de la vérité ou dans l'illusion nécessite un terme commun pour que nous puissions communiquer ensemble. [...]
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