Au sens large, "inconscient" désigne ce qui est dépourvu de conscience, ou encore ce que la conscience ne perçoit pas. Au sens psychanalytique, le concept d'inconscient désigne une formation psychique séparée de la conscience, régie par d'autres lois qu'elle, et ne pouvant jamais parvenir à la conscience. Ainsi, les causes qui déterminent un individu à vivre de telle façon sont-elles toujours connues ? Ne nous contenterions nous pas seulement de ce que l'on croit savoir ? Ces questions en entraînent une autre : sommes-nous vraiment maître de nous-mêmes ? "Le moi n'est pas maître en sa propre maison"; telle est la réponse de Freud (...)
[...] Selon Freud, la psychanalyse "nous apporte" "deux clartés", autrement dit, elle nous informe sur deux points différents. Le premier est de "savoir que la vie instinctive de la sexualité ne saurait être complètement domptée en nous". "L'instinct" est l'ensemble des tendances innées et contraignantes qui déterminent certains comportements spécifiques et immuables, commun à tous les individus d'une même espèce. En prenant en compte cette définition, nous pouvons donc affirmer que la "vie" "de la sexualité ne saurait être complètement domptée en nous", c'est à dire qu'elle ne saurait être contrôlée, canalisée en nous. [...]
[...] Cet exemple affirme bien que la "sexualité ne peut être complètement domptée en nous". La deuxième "clarté" que "la psychanalyse nous apporte" est "que les processus psychiques sont en eux-mêmes inconscients", Comme le déclara Freud dans son œuvre Métapsychologie, "il se produit fréquemment des actes psychiques qui, pour être expliqué, présupposent d'autres actes qui eux ne bénéficient pas du témoignage de la conscience". Les seuls moments où ces "processus psychiques" "deviennent accessibles et subordonnés au moi", autrement dit, où la conscience découvre enfin leur présence et l'apprend au moi, pour que ce dernier puisse réagir en conséquence; c'est seulement "par perception incomplète et incertaine". [...]
[...] Ici, le verbe s'applique aux informations concédées par le psychisme. En effet, nous nous satisfaisons des informations de la conscience (ou des hauts dignitaires de la cour, pour reprendre la comparaison de Freud) mais nous négligeons celles de l'inconscient (ou la "voix" du "peuple" dans le texte). Or, l'inconscient est comme la partie immergée de l'iceberg qu'est l'appareil psychique : beaucoup plus importante que la partie submergé, la conscience. On retrouve bien cette différence d'importance dans la comparaison de Freud. [...]
[...] Freud rajoute "tu vas même jusqu'à tenir "psychique", pour identique à conscient" autrement dit, tu vas même jusqu'à qualifier le psychisme d'identique à la conscience. La présence de "même" dans la phrase sonne l'indignation, comme si Freud était choqué que l'on puisse résumer le psychisme à la conscience seule. "Jusqu'à" traduit l'idée que l'erreur est poussée à un point extrême. La précision "c'est à dire connu de toi", et le pronom personnel "toi" en particulier, rajoute un aspect égocentrique à l'opinion commune. [...]
[...] Freud achève son explication en démontrant l'utilité de la psychanalyse. I. L'opinion commune Freud débute son explication en exposant l'opinion commune "tu crois savoir tout ce qui se passe dans ton âme". Il s'adresse au lecteur en le tutoyant. Nous pouvons interpréter cela comment le moyen d'être le plus direct, le plus franc possible; mais également comme une marque d'agression, signe que le lecteur est déjà en tort. Le mot suivant "croit" appuie cette deuxième hypothèse. En effet, ici Freud semble utiliser le sens péjoratif du verbe, sous-entendant que le lecteur se trompe déjà. [...]
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