A travers quelques figures mythiques et la relation au corps, nous pouvons esquisser un portrait stylisé du touriste (idéal typique) comme esthète.
1.1. Le touriste et son double ou le déni rabelaisien
1.2. Effet Van Gogh
1.3. L'effet Malraux
1.4. Le syndrome de Stendhal
1.5. Un lieu pour le patrimoine ou l'utopie culturelle
[...] Des relations troubles s'installent ainsi entre l'esthète, l'humus, le corps et le musée. Aussi, la volonté puritaine et hygiénique de réduire au néant les diverses transgressions et vandalismes se heurte-t-elle à l'éternel retour du refoulé. En cela, la leçon donnée par les sociétés de la tradition qui nous ont pourtant appris à ritualiser le mal pour mieux le contenir (homéopathie sociétale) ne convainc pas les adeptes d'une société pensée comme une copie de l'hôpital d'où tout mal est expulsé : nous allons vers le déni névrotique de toute notre partie nocturne (G. [...]
[...] Depuis on parle du syndrome de Stendhal pour désigner cette sensibilité excessive face aux œuvres. L'expression est née de l'observation par une psychothérapeute, Graziella Magherini[14], de touristes étrangers qui, pris de vertiges ou de malaises, prostrés ou en larmes, ont dû être accueillis en urgence et parfois même être hospitalisés dans son service. La thèse est que ces manifestations soudaines et spectaculaires sont liées au phénomène du voyage dans une ville d'art (dont Florence est en quelque sorte le prototype). [...]
[...] Cela peut s'observe facilement dans l'expérience touristique : prendre un bus tibétain, un thé au Sahara, ou une promenade vénitienne sont autant d'actes anodins qui peuvent être vécus comme plus culturels que de défiler devant les objets estampillés culturels ou authentiques par l'industrie touristique. Ce que l'on appelle l'effet Malraux, la croyance au mana de l'œuvre, est un présupposé tenace dans l'imaginaire muséographique. La rencontre avec l'art est vécue souvent comme expérience existentielle forte et transformatrice. Par une sorte de pensée magique, le contact avec l'objet artistique et sacré est censé transmettre au visiteur une dose de beauté, de sens et d'élévation. Par une alchimie secrète, l'œuvre est supposée irradier, contaminer et sauver l'âme du visiteur qui s'expose devant elle. [...]
[...] Kreiss, Paris, Ed. Hazan Winnicott D. W., J., "Jeu et réalité." Paris, Gallimard p Citée par Chouchena O., voyages forment la jeunesse”, in ‘Vivent les vacances ? Paris, ESF p pp. 39-50 Graziella Magherini, Le syndrome de Stendhal, Paris, Usher Freud, S., (1919), - “L'inquiétante étrangeté”, dans “Essais de psychanalyse appliquée”, (1933), Paris, Gallimard (1936), trouble de mémoire sur l'Acropole. Lettre à Romain Rolland”, L'Ephémère Winnicott D. W., J., "Jeu et réalité." Paris, Gallimard idem, p. 137. [...]
[...] Entre les valeurs et les buts affichés existe un écart : cette dualité est symptomatique du tourisme culturel. Car, en plus, il faut accomplir son devoir de vacances “culturelles” (expression que les écoliers redoutent) : à savoir, une obligation quasi religieuse de participer aux longues processions devant les musées, les expositions, etc. Dans certains cas on juge l'intérêt d'une visite à l'aune de la fatigue physique ou intellectuelle qui s'ensuit. La notion de plaisir est fort complexe, quand elle n'est pas absente, dans l'univers du tourisme culturel. [...]
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