Peut-on parler de progrès historique? Quel sens alors donner à progrès alors que guerres, pauvreté, violence menacent chaque jour la vie humaine? Pourtant on s'accorde souvent à considérer les sociétés qui nous ont précédés comme moins développées. Qu'entend-t-on alors par progrès? Le progrès scientifique peut-il justifier d'un progrès de l'histoire? Le progrès historique proprement dit existe-t-il?
[...] Comment alors concilier autrement cette possible destruction du monde et annihilation de tout progrès en quelques instants avec un progrès historique en arrière plan vers plus d'humanité et vers une actualisation des facultés humaines ? C'est en fait devant les difficultés, les obstacles qu'une évolution, qu'un changement s'impose. Sans problèmes, sans difficultés, sans désirs posant des défis et des dangers, aucune conscience qui se regarde et se juge ne peut se forger, aucune amélioration de l'être, aucun effort sur soi pour avoir le monde n'est à faire. Le paradoxe semble résider dans le fait que plus l'homme fait d'effort sur lui-même, plus il se façonne, et plus il a encore d'efforts à faire. [...]
[...] atteignant aussi bien les éléments que les hommes semblent aller en sens contraire d'un progrès, en tout cas d'un progrès qui se voudrait linéaire. De même, l'histoire, que l'on peut présenter comme un tissu de faits, d'événements décisifs sur l'avenir (c'est pourquoi elle s'écrit mieux a posteriori), présentant le parcours des hommes en collectivité, semble être surtout constituée de passions multiples et contradictoires. Or comment des flux contraires, chaotiques de passions pourraient constituer un progrès ? Tout d'abord, le progrès historique si l'on suit l'hypothèse de Rousseau dans son Origine et fondements des inégalités entre les hommes,, serait marqué par une première grande contradiction. [...]
[...] Il n'est pas effet de volonté, laquelle de par le nombre et la différence ne sera jamais unie, mais plutôt effet de la nature humaine regroupant tous les particuliers contradictoires ou non. Or ici, cet effet semble assez compromis, et il semble, au lieu d'un progrès, que l'on aille vers une autodestruction de plus en plus facilitée. Cependant, derrière le pur fait de hasard, de contingences extérieures, dans un champ temporel plus large, il semble que se dégage une orientation de l'histoire vers une liberté productive, accrue par une vie en société et menée par les peuples. [...]
[...] Mais cela génère par la suite un progrès, une volonté de bien général, de conservation mutuelle, de dépassement de soi pour l'espèce, de prise de conscience des véritables intérêts. Les premiers orgueils et premières vanités, sous le joug d'une raison développée au départ à leur service, s'effacent pour comprendre que le véritable intérêt réside dans l'espèce qui elle seule peut braver la mort et assurer un progrès non pas linéaire mais pétri de contradictions constructives. La mémoire collective, la conservation des séquelles et leur entretien de génération en génération permettent le progrès. [...]
[...] Par progrès historique, on peut entendre un fil conducteur qui dans le temps, pris à large échelle, est bien visible et fait ressortir une orientation nette vers une amélioration du sort humain, une acculturation plus grande, une libération des facultés humaines. Mais il serait à prendre dans une large échelle si l'on veut vraiment le distinguer, car, toute époque semble marquer par des violences inouïes qui donnent de la peine à penser qu'il y a progrès ou alors, on semble parfois régresser brusquement. C'est pourquoi en premier lieu, il semble que le progrès historique est tellement marqué de contradictions que l'on peut hésiter à considérer qu'il y a progrès, avancée. [...]
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